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Audiovisuel : les parlementaires s'emparent du sujet de la télécommande

L'Assemblée nationale lance une mission flash sur la visibilité des chaînes de télévision traditionnelles sur les télécommandes et les écrans d'accueil des box et téléviseurs connectés. Un sujet qui agite le PAF depuis plusieurs mois.

Les télécommandes avec les boutons Netflix fleurissent, au grand dam des chaînes de télévision traditionnelles.
Les télécommandes avec les boutons Netflix fleurissent, au grand dam des chaînes de télévision traditionnelles. (Shutterstock)

Par Marina Alcaraz

Publié le 23 nov. 2021 à 18:48Mis à jour le 24 nov. 2021 à 17:36

Cachez ce bouton que je ne saurais voir. Alors que nombre de chaînes de télévision sont vent debout contre la tendance des fabricants de téléviseurs et box des opérateurs télécoms à mettre en avant les géants du streaming, les parlementaires s'emparent du sujet.

L'Assemblée nationale a lancé mercredi une mission flash sur les écrans d'accueil des box et les télécommandes « afin de préserver la concurrence entre les acteurs ». Cette mission doit s'achever en janvier.

Le sujet de la discorde ? Ces fameux boutons Netflix, Disney+, Amazon et consorts que l'on voit fleurir sur les télécommandes des téléviseurs connectés, qui, pour certaines, n'ont même plus de clavier numérique permettant d'accéder aux chaînes traditionnelles. « Les chaînes de télévision risquent d'être pénalisées dans le futur », explique Bruno Studer, président de la Commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale, à l'origine de cette mission. « Et on ne s'interdit pas de faire appel à l'Autorité de la concurrence, selon les conclusions de la mission », met-il en garde.

3,3 millions de téléviseurs connectés

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S'il est encore tôt pour dresser un état des lieux, certains professionnels soulignent que l'essentiel des nouveaux téléviseurs connectés comporte ce type de boutons. Un enjeu de taille lorsqu'on sait qu'il s'est vendu 3,3 millions de télévisions connectées en France , en hausse de 35 % en 2020. Cela représente trois quarts des téléviseurs achetés au premier semestre 2021, selon GfK. « Les grands fabricants comme Samsung et LG font des deals mondiaux avec Netflix. Et les télécommandes de ce type sont de plus en plus nombreuses ces dernières années », souligne un spécialiste d'une grande chaîne.

Et cela se voit non seulement sur la télécommande, mais aussi sur les écrans d'accueil, qui mettent en exergue les géants du streaming. « Le direct n'est plus souvent qu'une case qu'il faut chercher, s'insurge un connaisseur. Les plateformes sont déjà surpuissantes, elles n'ont pas vraiment besoin de ce coup de pouce ! »

Les opérateurs télécoms ont tendance à faire la même chose en mettant en avant certains services mondiaux, au détriment des replays des chaînes ou de plateformes françaises comme Salto. Là aussi, c'est un vrai enjeu sachant que la télévision via les box reste majoritaire. « La grande différence est que l'on parle avec des acteurs locaux et non des acteurs mondiaux », nuance toutefois un professionnel.

Un nouvel article de loi sur ce sujet

Les patrons du PAF s'en offusquent publiquement. L'un des dirigeants les plus offensifs sur le sujet est sans doute la présidente de France Télévisions. Ainsi à Médias en Seine , il y a quelques semaines, Delphine Ernotte a expliqué que France.tv était présent sur les télévisions connectées « mais je ne sais pas [ce qu'il en sera] demain, car c'est la jungle. De même, sur les box, on est présent mais au bon vouloir des opérateurs télécoms ».

Le service public a toutefois désormais une loi de son côté. En effet, un nouvel article de la loi du 30 septembre 1986, ajouté à la suite transposition de la directive SMA (services de médias audiovisuels), prévoit qu'à partir du 1er janvier les interfaces des utilisateurs installées sur des téléviseurs, enceintes, magasins d'applications… doivent assurer une « visibilité appropriée » des services d'intérêt général. Et ces services pourraient être complétés par d'autres, après consultation publique de l'Arcom (le nouveau régulateur issu de la fusion CSA-Hadopi).

Cette visibilité peut être assurée par une mise en avant sur la page ou l'écran d'accueil, dans les recommandations, les résultats de recherche, etc., précise la loi. En cas de manquement, l'opérateur peut se voir infliger une mise en demeure, voire une sanction.

Toute la question est de savoir comment va être interprété et utilisé cet article de loi. Pour l'heure, un certain flou règne encore. « On peut espérer que grâce à cela, il y aura une mise en avant des services publics sur les écrans d'accueil. Mais cela semble assez compliqué sur les télécommandes, alors que les accords sont mondiaux », souligne un bon connaisseur.

Marina Alcaraz

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