Le fabricant de puces STMicroelectronics double ses profits à 4 milliards de dollars en 2022
Tiré par la forte demande dans l'automobile et l'industrie, le fabricant franco-italien a publié un chiffre d'affaires de 16,1 milliards en 2022, avec une marge d'exploitation en hausse, à 27,5 %. Pour le prochain trimestre et l'année à venir, la compagnie se montre tout aussi confiante.
Par Leïla Marchand
L'année 2022 a été particulièrement faste pour STMicroelectronics. Comme anticipé, le fabricant franco-italien de semi-conducteurs a quasiment doublé son bénéfice net en 2022 et ses revenus ont augmenté d'un quart, grâce notamment à la forte demande de puces dans l'automobile et l'industrie.
Sur l'exercice 2022, le bénéfice net du groupe basé à Genève s'est établi à 4 milliards de dollars (3,6 milliards d'euros), en progression de 98 % sur un an. Et le « chiffre d'affaires net » de STMicroelectronics a augmenté de 26,4 %, à 16,1 milliards de dollars (14,8 milliards d'euros), après un quatrième trimestre « supérieur aux prévisions », a déclaré le président du directoire et directeur général, Jean-Marc Chéry.
L'action du groupe a bondi de 8 % à la Bourse de Paris à l'ouverture, peu après l'annonce des résultats. Depuis le 1er janvier, elle s'est envolée de près de 30 %, la meilleure performance des titres de l'indice CAC 40.
« Au quatrième trimestre, la marge brute est ressortie supérieure aux attentes, à 47,5 % », souligne Stéphane Houri, analyste chez Oddo. « C'est l'indicateur le plus regardé chez STMicroelectronics et chez les fabricants de semi-conducteurs en général car il reflète notamment l'efficacité industrielle, la dynamique des prix et le mix produit », ajoute-t-il. « Encore mieux, pour le prochain trimestre, ils annoncent une marge brute en croissance, à 48 %, malgré le rééquilibrage qui se fait actuellement entre l'offre et la demande et l'impact potentiellement négatif que cela pourrait avoir sur les prix, qui ont beaucoup aidé en 2022. »
Quatre milliards de dollars pour augmenter la capacité des usines
« Notre driver majeur, c'est l'électrification des véhicules. Il y a aussi les investissements dans les énergies renouvelables comme les fermes solaires ou les éoliennes, ou la tendance à l'automatisation des industries, qui demandent énormément de composants électroniques. C'est là-dessus que STMicroelectronics s'est positionné et a accéléré ces dernières années », confie aux « Echos » Jean-Marc Chéry.
Si les secteurs des téléphones mobiles et des PC ralentissent, ceux de l'automobile et de l'industrie « doivent croître entre 5 et 10 % cette année », indique le PDG, qui parie sur une croissance de « 15 % à 20 % » de son activité cette année, et sur un chiffre d'affaires compris entre 16,8 et 17,8 milliards de dollars.
En 2022, déjà, les recettes de ses deux entités phares, « Produits automobiles et discrets » et « Microcontrôleurs et circuits intégrés électroniques », ont atteint respectivement 5,9 milliards de dollars et 5,2 milliards de dollars, en hausse d'environ 37 % sur un an.
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Pour suivre cette demande en pleine explosion, le groupe, qui a des usines en France, en Italie, au Maroc, à Singapour ainsi qu'en Chine, prévoit d'investir environ 4 milliards de dollars, « pour augmenter la capacité de production des usines [de plaques] en 300 mm et en carbure de silicium, y compris notre initiative dans le domaine des substrats », a déclaré Jean-Marc Chéry.
Avec son homologue américain GlobalFoundries, STMicroelectronics compte construire une nouvelle unité de production à Crolles (Isère), où STMicroelectronics possède déjà un site de fabrication. « Nous espérons lancer la production l'an prochain », a précisé le dirigeant. Le groupe a également annoncé un partenariat avec l'entreprise française Soitec pour fabriquer des substrats en carbure de silicium de diamètre de 200 mm, qui assurent des performances et un rendement plus élevés.
Un bémol dans le secteur des mobiles
Seul bémol pour STMicroelectronics dans cette pluie de signaux positifs, l'indication durant la conférence téléphonique sur le « changement de mix » dans les « personal electronics ». En termes plus clairs, le groupe prévoit un chiffre d'affaires moins élevé sur les ventes de puces intégrées, notamment dans les smartphones ou PC.
« STMicroelectronics ne peut dévoiler d'informations précises sur ses clients, mais il pourrait s'agir d'une évolution du mix de son premier client [Apple] », explique Stéphane Houri. Perte d'une partie d'un contrat ? Changement de design dans les iPhone ? Toujours est-il qu'avec ce changement, le fabricant franco-italien est forcé de confirmer sa transition vers le secteur automobile et industriel qui, selon ses plans, devrait représenter 70 % d'un chiffre d'affaires de 20 milliards de dollars entre 2025 et 2027.
Leïla Marchand