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Bras de fer autour du financement du Centre national de la musique

Pour aider davantage le secteur de la musique, le CNM manque de moyens, d'autant qu'il aimerait fonctionner un peu comme le Centre national du cinéma. Si certains poussent pour une nouvelle taxe sur le streaming musical, le Syndicat national de l'édition phonographique est vent debout.

Selon un connaisseur de l'industrie, la nouvelle taxe représenterait une ponction de 30 centimes par mois sur le prix d'un abonnement Spotify ou Deezer, mais ce coût serait probablement répercuté sur les ayants droit.
Selon un connaisseur de l'industrie, la nouvelle taxe représenterait une ponction de 30 centimes par mois sur le prix d'un abonnement Spotify ou Deezer, mais ce coût serait probablement répercuté sur les ayants droit. (Natee Meepian/Shutterstock)

Par Fabio Benedetti Valentini

Publié le 5 juil. 2022 à 18:24Mis à jour le 5 juil. 2022 à 21:18

C'est le branle-bas de combat sur le sujet délicat du financement du Centre national de la musique (CNM). Si certains acteurs du secteur, et notamment le milieu du spectacle vivant, poussent pour une nouvelle taxe sur le streaming musical, le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) est contre.

Créée fin 2019 avec la vocation d'être à la musique ce que le Centre national du cinéma (CNC) est au septième art, cette institution n'a pratiquement connu que les années de pandémie, bénéficiant de fonds exceptionnels pour y pallier. Au premier semestre, le CNM a déjà engagé 120 millions de dépenses, dont 75 millions au titre du fonds de sauvegarde et de relance du spectacle, soit plus que ce qui devrait être son budget annuel en temps normal (70 millions).

Retour sur terre

Le retour sur terre risque d'être rude en 2023. D'autant que de graves incertitudes pèsent notamment sur le niveau de la taxe sur la billetterie, sa principale ressource hors période Covid.

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« Il nous faut faire face aux aléas, répondre aux missions qui nous ont été confiées par la loi (égalité hommes femmes, transition écologique, etc.) mais aussi saisir les opportunités en nous projetant, en aidant l'émergence des artistes et en maintenant la diversité de la création », explique Jean-Philippe Thiellay, le président du CNM. « Dans la bataille des contenus que nous vivons, l'opérateur de la musique va-t-il être armé ou pas pour répondre aux besoins ? »

CNC de la musique

Un enjeu qui met en ébullition tout le secteur. D'autant plus qu'un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) de 2020 a privé l'industrie (labels, salles de spectacle, festivals, etc.) d'environ 25 millions de fonds dits « irrépartissables » provenant de la gestion collective de droits divers. Pour aider davantage la création et la production de musique, le CNM aimerait fonctionner un peu comme le CNC avec des ponctions et redistributions définissant sa politique.

Selon un bon connaisseur, taxer les plateformes de streaming payant pourrait rapporter une vingtaine de millions par an, voire davantage. Sur le prix d'un abonnement à Spotify ou à Deezer, cela représenterait 30 centimes par mois, mais ce ne serait ni le consommateur ni la plateforme qui paierait le coût de la mesure. Un chiffre «totalement imaginaire», selon Bertrand Burgalat, président du SNEP. Elle serait répercutée sur les ayants droit car ils pourraient toucher des aides en contrepartie.

Cependant, le SNEP, qui représente la plus grosse part du marché du streaming avec les majors qui en sont membres mais aussi des milliers d'indépendants, ne veut pas entendre parler d'une nouvelle taxe. « Ce serait une catastrophe », s'insurge Bertrand Burgalat. « On est en période d'inflation et dans certains pays on voit déjà des désabonnements. Il y a une forme de concupiscence autour des revenus du streaming, beaucoup de monde veut se les approprier, mais c'est au risque de tuer la dynamique du marché », prévient-il.

Contre-propositions du SNEP

Le SNEP a préparé ses contre-propositions. Il prône un aménagement de la « taxe YouTube » que les plateformes de streaming paient au CNC, afin d'en faire bénéficier aussi le CNM.

Cette solution permettrait de trouver de nouveaux fonds auprès des réseaux sociaux gratuits, sans nouvelle taxe et sans fragiliser l'écosystème du streaming payant. Quelle que soit l'option qui prévaudra, le gouvernement n'a que quelques mois pour trancher car les besoins de financement du CNM devront être inscrits dans la loi de finances pour 2023.

Fabio Benedetti Valentini

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