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ANTOINE MOREAU-DUSAULT

Révélations sur une gigantesque escroquerie aux cryptomonnaies

Par 
Publié le 29 novembre 2020 à 18h00, modifié le 30 novembre 2020 à 16h50

Temps de Lecture 8 min.

« Excusez-moi, vous pouvez attendre cinq minutes ? Ma femme pense que je suis en train de me faire escroquer. » Clas Backman pose le téléphone un instant, le temps de rassurer sa femme : non, s’il parle en anglais au téléphone, ce n’est pas parce qu’il est à nouveau en contact avec des arnaqueurs, mais pour répondre à un journaliste du Monde. Ce Suédois a été victime, en 2019, d’une escroquerie aux faux placements, opérée par un call center (centre d’appels) proposant des investissements alléchants. Il a investi environ 20 000 euros, et a « presque tout perdu ». Sa plainte est toujours en cours d’instruction, mais il se fait peu d’illusions : il ne reverra jamais cet argent.

Comme des centaines de milliers de personnes dans le monde, M. Backman est tombé dans le piège à cause d’une simple publicité en ligne. En septembre 2019, il clique sur un encart pour Bitcoin Trader, qui se présente comme un logiciel de trading en cryptomonnaies révolutionnaire. Après avoir entré ses coordonnées sur le site, il est immédiatement rappelé par un « conseiller », qui le convainc de placer 250 dollars (210 euros).

Scénario bien connu

L’escroquerie suit ensuite un scénario bien connu : au début, la victime voit ses gains augmenter à grande vitesse ; ses « conseillers » la pressent de déposer davantage d’argent, pour profiter d’une tendance à la hausse. Puis, lorsque la victime a investi tout ce qu’elle pouvait, ou quand elle demande à retirer ses gains, silence radio. L’argent n’est plus disponible. Parfois, il n’a jamais été investi nulle part – il est simplement venu gonfler le compte en banque des escrocs.

Un site « appât » typique, utilisant la marque « Bitcoin Revolution ». Derrière ce site se cachent des centres d’appel spécialisés dans des escroqueries.

Le Monde a enquêté, en partenariat avec un consortium international de journalistes, dirigé par le quotidien suédois Dagens Nyheter et le réseau de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), associant une dizaine d’autres rédactions, sur la manière dont ces arnaques se sont réinventées au cours des trois dernières années. Les escroqueries aux faux placements sont loin d’être une nouveauté, mais elles sont devenues, faute d’un meilleur terme, beaucoup plus « professionnelles » et « redoutablement efficaces », explique Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants et leur protection à l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Efficaces, et lucratives : selon les estimations de l’AMF, qui a mené une enquête d’ampleur sur une année et demie, en 2017 et 2018, le préjudice de l’ensemble des arnaques au placement s’élevait, en France, à environ un milliard d’euros sur cette période. Et l’Hexagaone est moins touché par le phénomène que d’autres pays d’Europe de l’Ouest. Selon les explications d’une source ayant travaillé pour un call center opérant les escroqueries, les responsables de ces arnaques évitent la France, estimant que ses enquêteurs sont plus efficaces que dans d’autres pays – une tendance confirmée par plusieurs documents que Le Monde a pu consulter, bases de données de ciblage de victimes ou annonces de recrutement.

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