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Pornographie en ligne: le gouvernement évoque un possible blocage de Twitter en France

La plateforme est le seul réseau social à autoriser les contenus pornographiques. Le tout sans vérification d’âge des internautes, contrairement à ce qu’exige la loi.

Le gouvernement intensifie ses règles en matière de protection des mineurs en ligne. Ce 10 mai, un projet de loi visant à "sécuriser" internet sera présenté en conseil des ministres. Parmi les principales évolutions figure la possibilité pour l’Arcom (ex-CSA) de faire bloquer l’accès à n’importe quel site diffusant des contenus pornographiques sans vérifier l’âge des internautes. Et ce, sans l’intervention d’un juge, comme c’est actuellement le cas. Une manière de faire respecter la loi française, qui impose déjà une vérification d’âge en cas de diffusion de contenus pornographiques.

Dans les faits, un tel blocage serait mis en place par les fournisseurs d'accès à internet, qui rendraient alors impossible toute connexion aux sites visés depuis le territoire français. Un déréférencement des moteurs de recherche pourrait également être appliqué.

Aucune vérification d’âge sur Twitter

Si les géants du porno en ligne sont régulièrement pointés du doigt, une autre plateforme bien connue du grand public pourrait être menacée: Twitter. En effet, contrairement à ses concurrents comme YouTube, Facebook ou Instagram, Twitter autorise la diffusion de contenus pornographiques. Problème: aucune vérification d’âge n’est effectuée par l’entreprise pour éviter que des mineurs soient confrontés à de tels contenus.

Lors d’une conférence de presse, le ministère du numérique a précisé à Tech&Co qu’aucune hypothèse n’est exclue concernant le réseau social, désormais détenu et dirigé par Elon Musk. "L'Arcom pourra être amené à bloquer Twitter" confirme ainsi le ministère, ajoutant toutefois avoir bon espoir que l’entreprise accepte finalement de se conformer au droit français. Un blocage déjà réclamé par des associations de protection de l’enfance.

Malgré tout, Twitter risque de faire face aux mêmes problèmes que les sites spécialisés dans les contenus pour adultes, à commencer par l’absence actuelle de moyens efficaces et respectueux de la vie privée pour vérifier l’âge des internautes. En juin 2021, la Cnil écartait d’emblée la transmission d’une pièce d’identité, évoquant des risques trop importants concernant la vie privée.

"Une telle collecte de données présenterait, en effet, des risques importants pour les personnes concernées dès lors que leur orientation sexuelle – réelle ou supposée – pourrait être déduite des contenus visualisés et directement rattachée à leur identité" rappelait la Commission dans son avis.

Parmi les hypothèses évoquées, une attestation de majorité fournie par un tiers de confiance possédant déjà un document d’identité, comme sa banque ou son assurance, dans un format anonymisé. Des tests en ce sens ont été réalisés en mars, rappelle le ministère à Tech&Co, sans pour autant communiquer sur les résultats de ces derniers.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co