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Coup dur

Réacteur nucléaire : une profonde fissure découverte à Penly 1 risque de déstabiliser EDF

Un nouveau problème de «corrosion sous contrainte» trouvé par l’électricien sur un réacteur à l’arrêt en Seine-Maritime pourrait avoir des répercussions importantes, en raison de sa taille et de son emplacement.
par LIBERATION et AFP
publié le 8 mars 2023 à 7h30

La découverte pourrait avoir de lourdes conséquences pour EDF. L’électricien a décelé une fissure importante sur une soudure d’un circuit de secours d’un réacteur à l’arrêt, Penly 1, en Seine-Maritime, un nouveau problème pour le géant de l’énergie dont le parc nucléaire est lourdement perturbé depuis 2021 par ces phénomènes.

Dans une note, passée inaperçue jusqu’à sa médiatisation mardi par le site Contexte, EDF a évoqué avoir décelé un «défaut significatif de corrosion sous contrainte» sur une conduite de secours servant à refroidir le réacteur en cas d’urgence.

«Ce qui est nouveau […] c’est la profondeur de la fissure», affirme Yves Marignac, expert en énergie et membre des groupes permanents d’experts de l’ASN. Jusqu’ici, EDF n’avait trouvé dans ses tuyaux que des micro-fissures, de l’ordre de quelques millimètres. Or, celle de Penly mesurerait 2,3 centimètres, sur un tuyau d’une épaisseur de 2,7 centimètres.

EDF précise que «l’analyse se poursuit» et «sera soumise à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour instruction et approbation». De son côté, l’instance de régulation précise dans une note d’information que «cet événement n’a pas eu de conséquence sur le personnel ni sur l’environnement. Toutefois, il affecte la fonction de sûreté liée au refroidissement du réacteur». L’autorité de sûreté nucléaire a donc demandé dès mardi soir à l’électricien de «réviser sa stratégie» sur le traitement de la corrosion sous contrainte de certains de ses réacteurs.

EDF, qui s’est refusé à tout commentaire, pourrait devoir mener des recherches et inspections plus exhaustives dans son parc nucléaire. Au moment où le producteur d’énergie estimait être en sortie de crise sur le traitement de ce phénomène, cette découverte jette de nouvelles incertitudes sur la production nucléaire de l’électricien pour 2023, après une année noire plombée par les déboires de son parc nucléaire.

Le parc nucléaire d’EDF (56 réacteurs) a en effet subi une crise industrielle inédite depuis la découverte en octobre 2021 de ce phénomène de corrosion sous contrainte sur des conduites cruciales pour la sûreté des centrales. Ce problème avait forcé EDF à arrêter de nombreux réacteurs pour des opérations de contrôle et de réparations de grande ampleur, contribuant aux pertes colossales enregistrées par l’électricien en 2022.

«Premier montage des tuyauteries»

La tuyauterie de Penly 1 aurait pu être fragilisée par une opération de réparation visant à «réaligner» des circuits, au moment de la construction du réacteur. Selon EDF, «cette soudure avait été doublement réparée lors du premier montage du circuit à la construction». «Ce défaut significatif de corrosion sous contrainte a été vraisemblablement généré par ces opérations ciblées de’’double réparation’’ lors du premier montage des tuyauteries», admet l’exploitant dans sa note.

La centrale de Penly, composée de deux réacteurs, a été mise en service entre 1990 et 1992. Elle fait partie de la série des réacteurs les plus puissants, dit P’4′′, d’une puissance de 1 300 MW.

Pour Yves Marignac, «le fait que des fissures plus importantes soient possibles pose la question du maintien en fonctionnement des 6 réacteurs de même type P’4″ en attendant leur réparation préventive», annoncée en décembre par EDF pour courant 2023.

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