EXCLUSIF. Carte : sur Airbnb, voici combien il y a de logements à louer

Le nombre d'annonces sur Airbnb augmente en France. L'entreprise refuse de communiquer, mais un collectif a recensé les biens à louer en exclusivité pour Enquêtes d'actu.

Selon les informations ParisVSBnb en exclusivité pour Enquêtes d'actu, il y a 750 000 annonces de location sur la plateforme Airbnb.
Selon les informations ParisVSBnb en exclusivité pour Enquêtes d’actu, il y a 750 000 annonces de location sur la plateforme Airbnb. (©illustration / JG / La Marne)
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L’entreprise Airbnb refuse catégoriquement de divulguer le nombre d’annonces qui sont publiées sur son site internet pour la France métropolitaine. En exclusivité pour Enquêtes d’actu, le collectif ParisVSBnb a recensé de façon exhaustive tous les biens qui sont proposés à la location entre janvier et juin 2023. Grâce à la technique du data scraping (un programme informatique qui permet de collecter des données), Vincent Aulnay a répertorié environ 750 000 annonces. Grâce à notre carte (voir ci-dessous), il vous est possible de constater si dans votre commune, dans votre rue il y a des locations de courte durée.

Le nombre de biens à louer sur cette plateforme ne cesse d’augmenter. En 2013, le géant de la location saisonnière proposait 30 000 annonces. Il y en avait 600 000 en 2021. Selon nos informations, il y en a donc maintenant près de 750 000 sur tout le territoire métropolitain.

Pour visualiser notre carte, cliquez sur l’image ci-dessous : 
Vincent Aulnay du collectif ParisVSbnb, grâce au data scraping, a recensé 800 000 annonces sur Airbnb, en France métropolitaine.
Vincent Aulnay du collectif ParisVSbnb, grâce au data scraping, a recensé 750 000 annonces sur Airbnb, en France métropolitaine. (©capture d’écran)

« Sous chaque point rouge, c’est un logement en moins pour des étudiants, des salariés, toutes les personnes qui souhaitent s’installer durablement et ce sont aussi des voisins qui subissent les nuisances des allées et venues des voyageurs », dénonce Vincent Aulnay du collectif ParisVSBnb.

Que les gens fassent des captures d'écran et aillent demander des explications à leur maire, leur député pour leur demander d'agir.

Vincent Aulnaycollectif ParisVSBnb

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Dans la majeure partie du pays, par rapport à 2021, le nombre d’annonces augmente (voir graphiques ci-dessous) : + 105 % dans le Cotentin, + 119 % au Mans, + 97 % à Clermont-Ferrand… A contrario, dans les villes qui ont mis en place des contraintes fortes, a minima le numéro d’enregistrement obligatoire, le nombre de biens mis en location diminue.

Par ailleurs, grâce à ce travail, nous constatons que moins de 10% des annonces concernent des chambres chez l’habitant. « Certains propriétaires indiquent qu’il s’agit d’une chambre, alors que réalité, quand on regarde bien l’annonce, il est bien question d’un logement entier. Ce n’est pas la majorité, mais il y en a », pointe Vincent Aulnay. Les avantages à faire passer son bien pour une chambre ne sont pas négligeables : absence de contrôle, aucune limite de nuitées (contre 120 par an pour un appartement) et défiscalisation.

Zoom sur la France coupée en quatre : Ouest, Est, Sud-Ouest et Saud-Est.
Zoom sur la France coupée en quatre : Ouest, Est, Sud-Ouest et Saud-Est. (©capture d’écran)
Les quatre première métropole de France : Paris, Lyon, Marseille et Lille.
Les quatre première métropole de France : Paris, Lyon, Marseille et Lille. (©capture d’écran)

Airbnb dit « contester la validité » des données que nous diffusons en exclusivité, parce qu’elles proviennent d’un logiciel de data scraping. De plus, dans un mail, la plateforme insiste sur le fait « qu’en cette période d’inflation, Airbnb permet aux familles françaises de louer occasionnellement leur logement — généralement leur plus grande dépense — pour générer un complément de revenus, ce qui les aide bien souvent à payer leurs charges et à faire face à l’augmentation du coût de la vie. Face à la crise du logement, Airbnb appelle les communes à se saisir des outils existants pour réguler efficacement l’offre de location courte durée sur leur territoire, et souhaite travailler aux côtés des pouvoirs publics sur des dispositifs incitatifs pour faire de la location saisonnière une solution motrice à cette crise. »

Une fédération nationale

Vincent Aulnay n’est pas le seul à s’être lancé dans une croisade pour réguler les activités du mastodonte. Saint-Malo, Marseille, Dieppe, Chamonix, Paris… Au total, une vingtaine de villes, représentées par des collectifs citoyens, se rebiffent contre les locations de courte durée. Le 31 mai 2023, ils ont annoncé la création d’une fédération nationale. Celle-ci dénonce, entre autres, le fait que « des quartiers entiers se vident ».

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Dans de nombreux territoires, comme Paris, la Bretagne, le pays Basque et tout le littoral français, la situation devient très préoccupante et les élus locaux mènent l’offensive contre ces logements entiers transformés pour de la location touristique. Un phénomène qui favorise la spéculation foncière. Les ravages d’Airbnb dans ces régions avaient été démontrés dans une de nos précédentes enquêtes.

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Ces collectifs sont soutenus par des parlementaires, issus de tous les bords politiques, qui souhaitent un meilleur encadrement de ces locations. Quatre députés et sénateurs proposent à tous les élus de signer leur appel sur la plateforme encadronsairbnb.fr.

Le gouvernement à la manœuvre

Interrogé sur France info, le ministre délégué à la Ville, Olivier Klein a affirmé que l’interdiction de locations Airbnb dans certains centres historiques « n’est pas un tabou » : « Cela fait partie des réflexions qu’on mène avec les élus locaux. »

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Lundi 5 juin, la Première ministre a présenté le plan du gouvernement pour pallier la « crise du logement ». Élisabeth Borne s’est notamment engagée à « remettre à plat la fiscalité des locations », puisqu’aujourd’hui, les locations saisonnières de meublés touristiques de courte durée bénéficient d’une niche fiscale : l’imposition ne se fait que sur 29 % des revenus générés par ces locations.

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