Polémique Alan FoodChallenge : sur les réseaux sociaux, des défis alimentaires jusqu’à l’indigestion

Les accusations de truquage visant le youtubeur Alan FoodChallenge ont mis en lumière la tendance des vidéos dans lesquelles des créateurs de contenus mangent de grandes quantités de nourriture en un temps record. S’ils rencontrent un succès fulgurant, ces défis ne sont pas sans danger.

    Manger le plus de nourriture possible en un temps record. Si vous pensiez que ce genre de défi gargantuesque était réservé aux États reculés des États-Unis et à leurs célèbres concours d’ingestion de hamburgers ou de hot-dogs, c’est que vous ne suivez pas Alan FoodChallenge sur les réseaux sociaux.

    Ce youtubeur aux 837 000 abonnés, connu pour relever des défis alimentaires, est au cœur d’une polémique sur les réseaux sociaux depuis quelques jours pour avoir truqué des vidéos. Mais il n’est pas le seul, en France et dans le monde, à avoir fait de cette pratique une spécialité. C’est même une énorme tendance sur les réseaux sociaux depuis quelques années.

    Cela s’appelle le mukbang, et les vidéos du genre cumulent des milliards de vues sur les plates-formes en ligne. Originaire de Corée du Sud et apparu il y a une quinzaine d’années, le mukbang s’inspire des compétitions alimentaires très populaires en Amérique du Nord et au Japon depuis le XIXe siècle en y ajoutant la diffusion en ligne. Le mot mukbang (ou meokbang) est la contraction des mots coréens meokda, qui veut dire manger, et bangsong, diffuser. Le concept est simple : les personnes se mettent en scène en train de préparer de la nourriture, souvent en grande quantité, avant de se filmer en train de manger.

    Une course aux records

    De YouTube à TikTok en passant par Twitch, des jeunes vidéastes s’en sont emparés à travers le monde ces dernières années. Le plus célèbre mukbanger, Matt Stonie, rassemble 16,3 millions d’abonnés sur YouTube. Dans sa vidéo la plus populaire, qui cumule 142 millions de vues en trois ans, le jeune Américain avale 15 paquets de nouilles coréennes épicées. Ce mangeur de l’extrême détient de nombreux records comme celui d’ingérer un burger de 20 000 calories en 4 min 10 ou le Happy Meal mangé le plus rapidement en 15,22 secondes.

    Beard Meats Food, lui, a 2,98 millions d’abonnés. Sur sa chaîne, on retrouve des vidéos aux titres racoleurs : « 24 heures en mangeant dans le plus de chaînes de restaurant que je peux » ou encore « le défi du plateau de 3 kg de steak ». Le Britannique est également membre de la Major League Eating, une fédération qui organise les plus grandes compétitions alimentaires professionnelles dans le monde. Mais peu de créateurs de contenus qui publient des mukbangs sont des professionnels de la compétition alimentaire.

    180 milliards de vues sur TikTok

    Sur TikTok aussi, où les #mukbang et #foodchallenge cumulent à eux deux près de 180 milliards de vues, les utilisateurs en tout genre se filment en mangeant des quantités plus ou moins importantes d’aliments, essentiellement de la junk food. La diffusion en direct a ainsi permis au mukbang d’évoluer. Aujourd’hui, les créateurs de contenu répondent aux questions de leurs followers dans les « ask mukbangs » ou font de l’ASMR tout en ingurgitant le plus de nourriture possible.

    La pratique de ces challenges peut toutefois s’avérer dangereuse pour la santé. Ancien youtubeur végan, Nikocado Avocado en a fait les frais en 2019. Sur sa chaîne, l’influenceur américain enchaîne les mukbangs aux titres et aux miniatures sensationnels. En trois ans, il passe de 70 à 160 kg et est contraint de dormir avec un respirateur artificiel. En 2021, l’Italien de 42 ans Youtubo Anche Io a quant à lui succombé à un infarctus, deux ans après son dernier mukbang.