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Comment Elon Musk a volontairement fait capoter une attaque ukrainienne contre la Russie

Le patron de SpaceX a demandé à ses ingénieurs de couper le signal Starlink qui permettait une attaque de drones, de peur d'une réponse nucléaire de la Russie.

Rares sont les industriels à posséder un tel pouvoir. Dans une biographie autorisée du milliardaire ("Elon Musk" qui sort le 12 septembre), Walter Isaacson explique qu'Elon Musk a personnellement empêché une attaque de drones ukrainiens contre la flotte navale russe en Crimée.

Concrètement, le patron de SpaceX a demandé à ses ingénieurs de couper le signal Starlink, très utilisé par les Ukrainiens pour les communications, afin de brouiller les drones chargés d'explosifs qui filaient vers leurs cibles. L'opération en question n'est pas précisément datée mais s'est déroulée en 2022.

"Pas censé être impliqué dans des guerres"

Selon le biographe, Elon Musk craignait que la Russie réponde à cette attaque par une riposte nucléaire. Un sentiment renforcé par ses discussions avec des officiels russes, raconte CNN.

"Starlink n’était pas censé être impliqué dans des guerres" raconte le milliardaire dans cette biographie. "C’était pour que les gens puissent regarder Netflix, se détendre, se connecter à l’école et faire des choses pacifiques, pas des frappes de drones."

Cet épisode est un exemple concret de l'interventionnisme de Musk dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Récemment, le New Yorker racontait que les coupures du réseau Starlink se sont multipliées dès l'automne 2022 sur le champ de bataille, obligeant parfois l'armée ukrainienne à des replis en urgence.

Colère des Ukrainiens

Starlink est devenu un outil majeur pour l’Ukraine qui l’utilise comme principal réseau internet dans le pays après la destruction d'une partie des infrastructures télécoms du pays. Le 31 janvier dernier, Elon Musk affirmait sur X (ex-Twitter) que son entreprise "est devenue la colonne vertébrale de la connectivité de l'Ukraine jusqu'aux lignes de front" mais soulignait aussi qu’il n’autorisait pas "l'utilisation de Starlink pour les frappes de drones à longue portée."

Quelques mois plus tôt, il avait provoqué la colère des Ukrainiens et du Pentagone en réclamant au département américain de la Défense de financer l’utilisation de la constellation au-dessus du pays.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business