Des associations de PME ont formé une alliance pour faire pression sur les politiques et obtenir des mesures contre les pratiques considérées monopolistiques d'Amazon

Amazon revendique 108,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires au premier trimestre 2021.

afp.com/Patrick T. FALLON

Amazon a plus que triplé son bénéfice net, à 8,1 milliards de dollars pour la période de janvier à mars, signe que l'appétit pour le commerce en ligne ne faiblit pas alors que certains pays, dont les États-Unis, émergent progressivement de la pandémie.

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Le géant américain des technologies a aussi largement dépassé les attentes du marché avec un chiffre d'affaires de 108,5 milliards de dollars, supérieur à ses propres prévisions et en hausse de 44% sur un an, alors que l'entreprise avait déjà enregistré une forte croissance au premier trimestre 2020. Son titre s'appréciait de 4% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.

"C'est une accélération par rapport à la croissance de toute l'année dernière, et une autre indication que le coup de pouce aux affaires d'Amazon en 2020 ne montre aucun signe de déclin", a commenté Nicole Perrin, analyste du cabinet eMarketer.

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Commerce en ligne et services aux entreprises

La croissance du groupe de Seattle est portée par les ventes sur sa plateforme d'e-commerce, notamment en Amérique du Nord, mais aussi par les services aux entreprises qui utilisent sa place de marché (24 milliards de dollars, +64%) et par les recettes publicitaires (7 milliards de dollars, +77%). "Le volume de la distribution qui passe par des canaux numériques continue d'augmenter et va donc soutenir encore plus les dépenses publicitaires à l'avenir", a ajouté Nicole Perrin.

Mi-avril, Amazon a annoncé compter plus de 200 millions d'abonnés dans le monde à son service Prime, qui donne accès à des livraisons gratuites et rapides et à des plateformes de streaming. La formule coûte une douzaine de dollars par mois et a été adoptée par quelque 50 millions de personnes pendant l'année de la crise sanitaire, signe de la transition accélérée vers les achats sur internet.

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Les investisseurs guettent les signes d'un ralentissement de cette transition, mais ils ne les trouveront pas chez Amazon. Le groupe table sur un chiffre d'affaires compris entre 110 et 116 milliards de dollars pour le trimestre en cours, soit 24 à 30% de plus sur un an, si le "Prime Day", sa journée de soldes, se tient bien entre avril et juin.

13,5 milliards de chiffre d'affaires pour le cloud

En 2020, Amazon a généré plus de 500 milliards de dollars de ventes en ligne, 45% de plus qu'en 2019, selon eMarketer. En 2021, la croissance devrait revenir à des taux habituels, de l'ordre de 15%. Selon ce scénario, la plateforme détient 11,7% du marché mondial de l'e-commerce.

AWS, sa division de cloud (informatique à distance), n'est pas en reste, avec un chiffre d'affaires de 13,5 milliards au premier trimestre, en hausse de 32% sur un an. "Nous avons vu de nombreuses entreprises décider qu'elles ne veulent plus gérer leur propre infrastructure technologique", a remarqué Brian Olsavsky, directeur financier du groupe. "Nous pensons que cette tendance va continuer pendant la reprise post-pandémie".

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Le commerce en ligne et le cloud sont deux secteurs numériques qui ont explosé pendant la pandémie, à la faveur des restrictions de déplacement. Les géants de la Silicon Valley (Google, Apple et Facebook) ont tous publié des résultats trimestriels faramineux cette semaine. "Les grandes entreprises de la tech sont au bon endroit au bon moment. Le Covid-19 a accéléré la transformation numérique dans l'éducation, la santé, le télétravail et l'e-commerce, et amélioré la rentabilité de ces firmes", a noté Darrell West, un chercheur du centre pour l'innovation technologique à la Brookings Institution.

Profits exubérants pour tous les géants de la tech

Qu'ils capitalisent sur le temps passé en ligne par les internautes, sur leurs transactions ou leurs achats d'appareils électroniques, les géants de la tech ont réalisé des profits exubérants début 2021, tandis que l'économie traditionnelle souffrait des restrictions de déplacement et d'activités liées à la pandémie.

Alphabet, maison mère de Google, a réalisé 55,31 milliards de chiffre d'affaires de janvier à mars, soit 34% de plus qu'il y a un an. Dès le printemps dernier, le moteur de recherche et son voisin Facebook ont investi à foison dans les outils et plateformes pour faciliter les transactions en ligne, et inciter les ménages et les commerçants à utiliser leurs services, déjà très populaires pour le divertissement ou la recherche d'informations. Ils ont ainsi conforté leur emprise sur le marché mondial de la publicité numérique.

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Sur la période de janvier à mars, Facebook et Apple ont vu leurs bénéfices nets doubler, à 9,5 milliards de dollars pour le réseau social, et 23,6 milliards pour la marque à la pomme. Celle-ci a explosé ses ventes d'iPhone (+66%), de tablettes iPad (+79%) et d'ordinateurs Mac (+70%).

Les habitudes prises pendant la pandémie auront sans doute la vie dure. Ni les sociétés ni les experts ne semblent plus craindre de retour massif aux modes de consommation d'avant le Covid. Les velléités de régulation de la part de l'Europe et aussi de Washington, avec le gouvernement démocrate de Joe Biden, apparaissent comme les seuls éventuels nuages à l'horizon de la côte ouest des États-Unis, où se trouvent les sièges des Gafam. Facebook et Google font déjà face à des poursuites de la part des autorités américaines sur le front du droit de la concurrence, et Apple et Amazon sont visés par des enquêtes similaires.

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