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Libération
L'édito de Paul Quinio

Violences contre les élus : un symptôme de plus du dysfonctionnement démocratique

Si le phénomène n’est pas nouveau, les attaques contre les élus ont tendance à augmenter ces dernières années. Leur ampleur, inquiétante pour la vie démocratique, doit pousser gouvernement et politiques à réagir.
par Paul Quinio
publié le 4 juin 2023 à 20h52

Montjoi, dans le Tarn-et-Garonne, ses 167 habitants et son maire, Christian Eurgal, 75 ans, désormais sous protection policière après avoir reçu des menaces de mort, de viol, après avoir été intimidé dans sa propre mairie. A l’origine de cette situation : un arbitrage banal rendu par le maire sur une histoire de contentieux de voisinage entre un agriculteur et un habitant. «Ami» du premier, l’influenceur d’extrême droite Papacito est parti en croisade contre la décision du maire. L’habitant, lui, est étranger. Il est à craindre que la précision soit d’importance.

Culture du clash

Le maire de Montjoi n’a pas tardé à recevoir pas mal de messages de soutiens. La démission du maire de Saint-Brévin, menacé lui aussi par les réseaux d’extrême droite parce qu’il voulait mieux accueillir des réfugiés dans sa commune, est passée par là… Le phénomène n’est pas nouveau, la violence contre les élus a toujours existé. Mais les observateurs de la vie politique, et notamment de la vie politique locale, sont formels : elle a tendance à augmenter. Un symptôme de plus des dysfonctionnements qui affecte notre vie démocratique.

Les témoignages que nous publions montrent que l’on n’a sans doute pas pris la mesure de la quotidienneté des insultes, lettres anonymes, menaces, intimidations que reçoivent les élus, dans la vraie vie ou via les réseaux sociaux. Les élus, eux, ont tellement pris la mesure du danger qu’ils sont, selon, l’Association des maires de France, de plus en plus nombreux à démissionner. Les violences subies n’en sont pas la seule cause, mais elles y participent, c’est une évidence. La culture du clash fait déjà pas mal de dégâts dans de nombreux pans de la société. Elle s’apprête à gangrener la politique. Le gouvernement a promis d’alourdir les sanctions, de mieux protéger les élus. Les partis politiques planchent aussi sur le sujet. Il y a urgence.

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