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La France, seul pays d'Europe où l'essence reste nettement plus chère qu'avant la guerre en Ukraine

Le prix moyen hors taxe dans les pays de la zone euro est revenu à son niveau de la fin février. Mais en France, il est encore 16% plus élevé qu'avant la guerre.

La mémoire des automobilistes ne leur fait pas défaut. Quand ils remplissent leur réservoir, ils voient bien que le prix affiché à la pompe pour le SP95 n'est toujours pas revenu au niveau d'avant le début de la guerre en Ukraine. Pourtant le cours du baril de pétrole calculé en euro a retrouvé son niveau de la mi-février 2022. Et ce retour à la normale se voit dans le cours servant de référence aux professionnels qui achètent du carburant, notamment dans la grande distribution. Le SP95 coté à Rotterdam s’échangeait ainsi à 62 centimes le litre le 25 février 2022, niveau qu'il a retrouvé fin avril.

Ce retour à la situation d’avant-guerre est d'ailleurs aussi, peu ou prou, la règle dans les stations services chez nos voisins. Le prix moyen hors taxes à la pompe que calcule toutes les semaines la Commission européenne était de 84 centimes dans la zone euro fin avril dernier. Exactement le même niveau qu'il affichait le 21 février 2022, avant que la guerre en Ukraine n'affole les marchés.

La France, seul pays d'Europe où le SP95 coûte encore 16% plus cher qu'avant la guerre

Certes d’un pays à l’autre, on peut constater de petites différences. Le litre hors taxe est aujourd’hui légèrement moins cher qu'avant la guerre, en Allemagne et au Luxembourg alors qu’il coûte quelques centimes de plus en Espagne, en Belgique ou en Italie. Mais ces différences ne dépassent pas les 5%. Un seul pays fait exception: la France.

Dans les jours précédents la tentative d'invasion russe de l'Ukraine, le prix moyen hors taxe se limitait à 80 centimes, soit 4 centimes de moins que la moyenne de la zone euro. Fin avril, toujours selon la Commission européenne il restait nettement plus élevé à 93 centimes. Cette différence de 13 centimes équivaut à une augmentation de 16% par rapport aux prix à la pompe d’avant-guerre. Et cette différence entraîne au passage une hausse mécanique de la TVA d’un peu plus de 2 centimes perçus par l’Etat.

Le patron de Super U évoque une "reconstitution de marge" de la filière

Une telle différence demande évidemment explication. Interrogé sur le sujet, Dominique Schelcher, le patron de Système U évoque une très vraisemblable "reconstitution de marge" et admet que même la grande distribution, dans son ensemble, ne cherche plus systématiquement à tirer les prix du carburant vers le bas dans ses stations-service qui assurent plus de la moitié des ventes de carburant en France.

Du côté de l’Ufip –le syndicat professionnel des pétroliers- on souligne d’abord que l’éthanol ajouté dans le carburant classique revient plus cher aujourd’hui et que les automobilistes français consomment davantage d'E10 (une essence deux fois plus riche en carburant d'origine végétale que l'E5). Et on insiste aussi sur les obligations environnementales imposées aux secteurs les plus pollueurs qui ont été durcies par décret, les obligeant à augmenter leurs contributions financières via les Certificats d’économies d’énergie (CEE). Quant aux pompistes indépendants, ils certifient par la voix de leur porte-parole Francis Pousse, le président de Mobilians, que le niveau de leurs marges n’a pas évolué.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco