L'image du geek fait-elle fuir les talents féminins ?

L'image du geek fait-elle fuir les talents féminins ?

Fan de Star Wars, Star Trek, de fantasy, de jeux vidéo, de comics, mal à l’aise en société,boutonneux, incapables de parler aux filles, ne pratiquant pas d’activités sportives sauf sur console… Les stéréotypes s’accumulent lorsqu’on évoque les “geek”. 

Mais, pourquoi cette image ?  Est-elle vraiment à prendre en considération ? Et les femmes dans tout ça ? 

Origine du mot 

Le mot geek est issu de l’allemand et signifie “fou”. 

Aucun texte alternatif pour cette image
Sheldon Copper de la série The Big Bang Theory

Il apparaît aux Etats-Unis dans les années 1650-1960 pour caractériser des personnes fortes en maths, isolées et dans leurs pensées. 

Le geek est selon le stéréotype, l’adolescent boutonneux qui n’a pas d’amis et des problèmes de socialisation. 

Dans les années 80, la culture geek devient plus populaire et de nombreux ouvrages s’emparent de cette image.

Etonnement, les femmes disparaissent de l’univers du numérique à cette même période !

Où sont les femmes ? 

On le constate aujourd’hui, la filière du numérique manque de talents féminins. On pourrait penser que cette situation est un héritage du passé. 

MAIS non… Dans les années 40, ce sont les femmes qui programmaient les ordinateurs et les hommes désertaient les métiers du code, moins prestigieux ! Le saviez-vous ? Le premier ordinateur électronique, l’ENIAC, fut programmé par six mathématiciennes. 

Dans les années 1960, les femmes représentaient 40 à 50 % des effectifs des entreprises du secteur informatique.

A la fin des années 70, 50 % des étudiant·es en informatique étaient des femmes.

De nombreuses figures féminines sont d’ailleurs des pionnières dans l’informatique (Ada Lovelace, Grace Hopper, Margaret Hamilton…).

Aujourd’hui, les femmes représentent à peine 30% des effectifs du numérique, et seulement 15% de femmes occupent des fonctions techniques !!!

Figure du geek : une construction sociale genrée 

Pourquoi ? La tendance s’inverse avec l’arrivée des ordinateurs dans les foyers. Dans les années 80, des familles se dotent d’ordinateurs individuels et très vite se sont les hommes qui vont s'accaparer cette technologie. Les pères et les fils vont alors, grâce à l’utilisation régulière, développer des compétences et des appétences pour le numérique. 

Résultat ? Lorsque les métiers du numérique vont se multiplier et que les filières d’enseignements vont se développer, ce sont les hommes qui vont saisir ces opportunités.

Le monde du numérique devient alors un “monde masculin”. 

La figure du geek commence à émerger ainsi qu’une culture à part entière, avec ses codes et ses normes, et qui va prendre les traits d’un homme. 

Les années 2000 provoquent un basculement. Les professionnels du numérique, majoritairement masculins, se désignent eux-mêmes comme “geek”, créant le sentiment d’appartenance à un groupe.

Aujourd’hui, “la culture geek” n’est plus une culture underground . Les productions culturelles issues de cet univers (films, séries, jeux vidéos, comics,...) sont largement présentes. Les événements tels que les comic-con témoignent de cet engouement par le nombre de participant·e·s

Les femmes intègrent petit à petit ce monde mais restent tout de même en minorité. Face à un univers à l’aspect masculin et à une image du geek, socialement genrée, ces dernières peuvent être freinées dans la possibilité de travailler dans le secteur du numérique. 

Et les femmes geeks ? 

Malgré une proportion équivalente de gameurs et de gameuses (51%) selon la SELL, les femmes ne représentent que 11% des postes de direction et 22% en tant que développeuses. Elles ont même des difficultés à être considérées comme professionnelles. Les femmes doivent donc redoubler d’efforts pour être reconnues dans le secteur. 

D’ailleurs, les forums de jeux vidéo sont souvent la source de propos sexistes, homophobes et transphobes. La youtubeuse Damdam est un exemple de victime de stéréotypes et d’insultes car c’est une femme.

Cf: https://www.neonmag.fr/les-streameuses-denoncent-le-cyberharcelement-et-le-sexisme-dont-elles-sont-victimes-sur-twitch-559614.html

Pour résumer

De nombreux clichés freinent l’arrivée des femmes dans le numérique. Celui du geek contribue au manque d’attrait des femmes pour la filière et renforce la vision très genrée du secteur. 

Bien sûr d’autres facteurs entrent en jeu ! 

Mais il est primordial de mettre en lumière des figures féminines, des rôles modèles : Ada Lovelace, Margaret Hamilton, Stéphanie Shirley, Hedy Lamarr…

… mais aussi des femmes dans nos régions.

Chez ESTIMnumérique, nous souhaitons rendre visible les femmes du numérique du Grand Ouest à travers notre répertoire des femmes ressources.

Nous recevons beaucoup de sollicitations pour des interventions de femmes inspirantes, disponibles et prêtes à partager leur parcours, leur expérience, leur métier, mais aussi leurs doutes, leurs difficultés...

Nous pouvons toutes inspirer d'autres femmes, quel que soit le chemin parcouru.

Vous êtes une femme et vous évoluez dans le numérique ? Rejoignez notre répertoire

Pour aller plus loin :

Intervention ESTIMnumérique au Devfest Nantes 2021

https://www.geek-officiel.com/histoire-du-geek 

https://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/04/27/l-emergence-de-la-culture-geek-est-une-epopee-historique_1692451_651865.html 

https://www.numerama.com/pop-culture/268443-etre-geek-en-2017-ca-veut-dire-quoi.html 

Isabelle Collet, Les oubliées du numérique, édition Le Passeur. 

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