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Catastrophe naturelle, attentats: pourquoi vous allez peut-être recevoir une alerte sur votre mobile

Un écran de smartphone. Photo d'illustration

Un écran de smartphone. Photo d'illustration - JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Le gouvernement déploie un nouveau système permettant d’alerter tous les Français disposant d’un téléphone mobile, en cas d’urgence.

Une notification s'affichant plein écran, accompagnée d'un son strident. C'est le nouveau dispositif, baptisé FR-Alert, déployé par les autorités pour mettre en garde chaque Français disposant d'un smartphone en cas de force majeure. Sur les téléphones classiques, la notification prend la forme d'un SMS.

Depuis quelques heures, tous les utilisateurs d'iPhone reçoivent ainsi une demande de "mise à jour des réglages de l’opérateur", afin que leur mobile puisse afficher ces alertes. Une étape qui n'est en revanche pas nécessaire sur les smartphones Android, qui sont déjà configurés de la sorte par défaut.

Nombreux avantages

Plusieurs expérimentations ont été menées dans l'Hexagone au cours des derniers mois. Des exercices - qui ont parfois surpris les habitants - consistant par exemple à alerter la population d’une fuite provenant d’un site pétrochimique. D’après Gérald Darmanin, FR-Alert pourra être utilisé en situation réelle à partir de la fin du mois de juin.

Comme l’explique le ministère de l’Intérieur, les alertes pourront concerner plusieurs types d’urgences: des catastrophes naturelles, des accidents industriels, chimiques, ou nucléaires, des accidents graves sur la route, ou encore des attentats terroristes.

Le système FR-Alert a pour avantage de cibler un bassin de population précis, pour n'alerter que les personnes concernées. Les messages seront principalement utilisés pour préciser la nature et la localisation du danger, ainsi que pour communiquer la conduite à tenir.

Une expérimentation de "FR-Alert" réalisée à Martigues
Une expérimentation de "FR-Alert" réalisée à Martigues © Facebook (Ville de Martigues)

Les alertes sont acheminées grâce à une technologie baptisée “diffusion cellulaire” et reposant sur un canal dédié. Les notifications ne risquent donc pas d’être ralenties en cas de congestion du réseau mobile, contrairement à de simples SMS. Aucune donnée personnelle n'est collectée par les autorités lors de la diffusion.

Les notifications apparaissent sur l’ensemble des smartphones compatibles 4G ou 5G, y compris s’ils sont verrouillés. En revanche, les mobiles éteints ou en mode avion restent injoignables.

Obligation européenne

Cet usage du réseau mobile et des fonctions intégrées aux smartphones permet surtout de toucher une large part de la population, sans nécessiter l’installation d’une application spécifique. Un atout important, après l’échec de l'application baptisée SAIP, lancée par le gouvernement après les attentats de 2015 et qui n’a été installée que par une poignée de Français.

L'application avait également été critiquée pour son inefficacité. Lors de l’attentat de Nice, le 14 juillet 2016, elle n’avait diffusé des alertes que quelques heures après le drame.

Contrairement à ce qu’avance le ministre de l’Intérieur, le système FR-Alert est toutefois loin d’être inédit. Il est utilisé depuis quinze ans au Japon, depuis treize ans au Sri-Lanka et depuis dix ans aux États-Unis. D'autres pays comme le Canada, le Pérou, le Chili ou encore la Nouvelle-Zélande y ont également recours.

En raison de son coût important (plusieurs dizaines de millions d’euros), ce mode de diffusion a longtemps été rejeté par la France. L’arrivée de FR-Alert est la conséquence d’une directive européenne datant de 2018, qui contraint tous les pays de l’Union européenne à utiliser cette technologie au plus tard le 21 juin 2022.

Après ce premier déploiement, le ministère de l'Intérieur assure qu’un dispositif d’alerte reposant cette fois sur la technologie SMS sera également mis en place "ultérieurement", notamment pour les Français disposant d'un simple téléphone 2G ou 3G. Une première campagne massive de SMS avait été organisée de façon isolée, lors de l'annonce du premier confinement en mars 2020.

Cet autre mode de distribution, qui transite par le réseau mobile habituel, dispose toutefois de certains avantages. Contrairement à la technologie de "diffusion cellulaire", l’envoi de SMS permet aux autorités d’obtenir des statistiques sur la proportion de messages qui n’ont pas été ouverts, mais aussi d’envoyer des messages de suivi de la situation aux personnes concernées, y compris s’il elles ont quitté la zone initialement touchée.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co