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Derrière le chien de Twitter, une cryptomonnaie qui attise les convoitises d’Elon Musk

En changeant le logo de son réseau social pour celui d’une cryptomonnaie, le milliardaire américain a permis à son cours de grimper de 25 % en une nuit. Depuis juin, Elon Musk est accusé par des investisseurs d’avoir gonflé la capitalisation de Dogecoin en faisant de la publicité à coups de tweets.
par Charles Delouche-Bertolasi
publié le 4 avril 2023 à 9h58

Du «cui cui» au «ouaf ouaf». Ce mardi matin, les utilisateurs de Twitter ont vu l’emblématique petit oiseau bleu du réseau social se muer en un charmant chien Shiba au regard en coin. Et ce n’est pas n’importe quel toutou mais bien Kabosu. Cette chienne japonaise, à l’origine postée en 2013 sur un blog par sa propriétaire soucieuse d’alerter sur les méfaits des usines à chiots, est devenue une star d’Internet. Mais le canidé au sourire narquois est aussi le logo de la cryptomonnaie américaine Dogecoin. Née d’un délire entre amis, ce cryptoactif a finalement trouvé sa place depuis une petite décennie dans l’économie virtuelle. Et depuis quelques années, l’entreprise reçoit le soutien très médiatisé d’Elon Musk, le patron de Twitter.

En changeant depuis lundi soir le logo de Twitter par celui de Dogecoin, le patron de Tesla et du réseau social a mis un sérieux coup de projecteur sur Dogecoin. Car depuis le changement de logo, le cours de Dogecoin a explosé, bondissant de plus de 25 % dans la nuit, passant ainsi de 0,07 dollar à plus de 0,09 dollar. En avril 2022, la première annonce du rachat de Twitter par Elon Musk avait fait bondir de 29 % le cours du Dogecoin.

Entre Dogecoin et Musk, c’est une histoire de passion numérique et d’intérêt financier. Elon Musk l’a même qualifié dans un tweet de «cryptomonnaie du peuple», imaginant même l’utiliser un jour pour financer des missions SpaceX sur la Lune.

258 milliards de dollars de dommages et intérêts réclamés

Pour les observateurs, ce n’est pas simplement une preuve de la bonne relation entretenue entre Musk et les fondateurs de la cryptomonnaie. Ce serait également un subtil bras d’honneur fait aux opposants du chef d’entreprise. Depuis juin 2022, Elon Musk fait en effet l’objet d’une plainte déposée devant le tribunal fédéral du district sud de New York. Des investisseurs de Dogecoin l’accusent de s’être livré à du racket en promouvant à outrance la cryptomonnaie via de nombreux tweets.

Les plaignants, qui réclament 258 milliards de dollars de dommages et intérêts, évoquent notamment son rôle d’animateur dans l’émission Saturday Night Live, où il a incarné un faux expert financier tentant d’expliquer ce qu’est le Dogecoin, répondant aux questions des présentateurs jusqu’à finalement éclater de rire et déclarer que le système du cryptoactif est en vérité une «escroquerie», ce qui a fait chuter le cours de la cryptomonnaie.

Vendredi 31 mars, l’équipe juridique d’Elon Musk a déposé une requête pour faire rejeter la plainte. Selon les avocats de l’entrepreneur milliardaire, les plaignants n’ont pas démontré en quoi les déclarations de leur client en faveur du Dogecoin constituent une fraude. «Il n’y a rien d’illégal à tweeter des mots de soutien ou des images amusantes à propos d’une cryptomonnaie légitime qui continue à avoir une capitalisation boursière de près de 10 milliards de dollars», peut-on lire dans le dossier. «Ce tribunal devrait mettre un terme à la fantaisie des plaignants et rejeter la plainte», précise par ailleurs le texte.

Lundi dans la soirée, Elon Musk s’est délecté de sa facétie, et publié un montage évocateur sur son compte Twitter. On peut y voir le même chien, symbole du Dogecoin, subir un contrôle de police. Sur les papiers d’identité du conducteur, une photographie de l’oiseau bleu de Twitter. Au volant, le chien assure pourtant que «c’est une vieille photographie». Comme si le chien avait mangé l’oiseau, ou l’inverse.

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