La start-up Kaedim employait des humains pour faire le travail de son modèle d'intelligence artificielle
Pour surfer sur la vague d'outils d'intelligence artificielle générative, la start-up Kaedim a survendu un logiciel "magique" de conception 3D, derrière lequel se cachait en réalité des artistes humains payés au lance-pierre.
Aurélien Defer
La formule "magique" de Kaedim, une start-up d'intelligence artificielle spécialisée dans la conception de modèles 3D, n'était finalement qu'un mirage. La jeune société californienne vantait à ses clients, principalement des artistes du monde du jeu vidéo, les mérites d'un logiciel tout-puissant capable de transformer en quelques minutes leurs ébauches 2D en modèles 3D. Le média spécialisé 404 Media vient de révéler qu'il s'agissait d'une supercherie.
Il apparaît en effet, d'après des sources anonymes, que des artistes humains jouaient régulièrement (et secrètement) le rôle du logiciel intelligent de Kaedim. La start-up, cofondée et dirigée par l'entrepreneuse Konstantina Psoma, payait ces derniers au lance-pierre pour qu'ils réalisent entièrement les conversions de la 2D vers la 3D commandées via son service. Sollicitée par 404 Media, l'entreprise a nié les faits en question tout en mettant complètement à jour son site web quelques heures après la parution de l'article.
Un rétropédalage et une promesse pour 2024
Jusqu'ici, la CEO de Kaedim se défendait en promettant que les artistes employés par l'entreprise ne l'étaient que pour contrôler la qualité des images générées par le logiciel. Ce que dément une source proche du dossier, arguant que certains travailleurs n'avaient pour base de départ que des dessins en 2D fournis par les client, et non pas de premières ébauches en 3D générées automatiquement. Un détail que la clientèle de l'entreprise, venue justement chercher chez Kaedim les progrès du machine learning pour automatiser certaines tâches chronophages et redondantes, ignorait complètement.
Face à la dénonciation de cette pratique, qui s'apparente à de la publicité mensongère pour surfer sur l'essor de l'intelligence artificielle générative dans la 3D et le jeu vidéo, Kaedim assume désormais une composante humaine non négligeable dans son fonctionnement. Sur son site web et dans la documentation qu'elle fournit à ses clients, elle détaille depuis hier une "troisième étape du processus" qui vient après la phase d'ingestion par son logiciel du dessin en 2D : "Un artiste de Kaedim examine votre modèle [celui généré par l'IA, donc] et apporte les modifications nécessaires pour qu'il soit prêt pour la production."
L'entreprise précise que, ce faisant, elle permet à son modèle d'IA de s'entraîner à partir de ces images en 3D façonnées par l'humain. Consciente qu'elle doit également se justifier quant aux limites de la technologie d'avant-garde qu'elle se vante de posséder depuis son lancement, Konstantina Psoma reconnaît également sur son site que celle-ci "nécessite encore un peu de travail en interne". "Nous améliorons notre système tous les jours et visons une version entièrement autonome pour 2024", annonce l'entrepreneuse, espérant sans doute que des clients (et investisseurs) seront encore là pour le constater.
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