"C'est de l'addiction": les responsables de TikTok France passés sur le grill au Sénat

Deux représentants du réseau social TikTok sont passés, ce jeudi 8 juin, devant la commission d'enquête du Sénat. Après Eric Garandeau, directeur des relations publiques, c'est Marlène Masure, directrice des opérations France, Benelux et Europe du Sud qui a été auditionnée.

Parmi les sujets qui fâchent - et ils sont nombreux - évoqués en séance: la question de l'addiction. C'est Marlène Masure qui a été passé sur le grill à ce sujet.

"On a parlé avec des experts, des psychiatres, des psychologues, des familles, des associations: je peux vous le dire, ça ne va pas du tout", a attaqué le rapporteur, Claude Malhuret.

"Le sujet du bien-être numérique est important pour nous. On réflechit à toutes les solutions. Mn travail consiste à m’assurer qu’on va créer le contenu le plus qualitatif possible, pour que l’expérience soit la plus génératrice de valeur pour les utilisateurs", a répondu Marlène Masure.

"La réalité, ce sont des mômes qui ne dorment plus"

Une réponse qui n'a pas vraiment convaincu ses interlocuteurs, dont l'agacement discret se lisait sur les visages. "Pardonnez-moi, mais c'est de la langue de bois, tout ça. […] La réalité n'est pas là, elle n'a rien à voir avec la qualité de vos contenus", a tancé Claude Malhuret.

"La réalité, ce sont des mômes qui ne dorment plus, des vidéos qui défilent, c'est de l'addiction. […] On a parlé avec des familles qui ne savent absolument pas quoi faire."

La directrice des opérations France lui a alors opposé plusieurs mesures mises en place par l'application, comme la limite des 60 minutes de visionnage, proposée depuis quelques mois. "Aujourd'hui, trois quarts des moins de 18 ans ne l'ont pas desactivée", a-t-elle assuré.

Des questions sans réponses

La limite des 60 minutes permet, en effet, de recevoir un message indiquant qu'un seuil de temps de visionnage a été atteint. L'utilisateur peut choisir de rentrer un code donné au préalable pour continuer à utiliser l'application.

Marlène Masure précise par ailleurs que le délai de soixante minutes a été mis au point avec des psychiatres, des médecins dans le cadre d'une étude - qu'il lui a été sommé de transmettre dans le cadre de la commission. "Et combien ferment réellement l'application lorsqu'il en reçoive le message?", lui a demandé le rapporteur. La responsable de TikTok France n'a pas apporté de réponse.

En France, 70% des 15 millions d'utilisateurs de TikTok ont moins de 24 ans. 40 % des 16-25 ans passent du temps sur l’application quotidiennement. Les mineurs - des chiffres qui englobent ici les 4 à 18 ans - passent en moyenne 1h47, chaque jour, sur l'application. En plus de son caractère addictif, l'algorithme de TikTok est connu pour enfermer ses utilisateurs dans des "bulles" personnalisées, souvent abreuvés de contenus néfastes pour la santé mentale.