Bataille diplomatique entre l'UNESCO et l'État spatial d'Asgardia

Igor Ashurbeyli, auto-proclamé premier chef d’État de la “nation spatiale” Asgardia, le 25 juin 2018. ©AFP - ALEX HALADA
Igor Ashurbeyli, auto-proclamé premier chef d’État de la “nation spatiale” Asgardia, le 25 juin 2018. ©AFP - ALEX HALADA
Igor Ashurbeyli, auto-proclamé premier chef d’État de la “nation spatiale” Asgardia, le 25 juin 2018. ©AFP - ALEX HALADA
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C'est une histoire hallucinante. Igor Ashurbeyli, un oligarque russe, ancien marchand d'armes, a fondé en 2016 une nation spatiale, Asgardia. Auto-proclamé chef d'État, il a réussi à nouer un partenariat avec l'UNESCO. Mais depuis l'arrivée d'Audrey Azouley à la tête de l'organisation, la rupture est entamée.

Avec
  • Octave Bonnaud Journaliste à La Lettre A

Comment l'UNESCO, organisation pour l'éducation, la science et la culture placée sous le contrôle de l'ONU, a-t-elle pu nouer un partenariat avec un "État spatial" imaginaire et virtuel ? C'est la question que pose le journaliste Octave Bonnaud, dans un article publié sur le site de La Lettre A, L'étrange dispute entre "l'Etat spatial d'Asgardia" et l'Unesco.

Qui est Igor Ashurbeyli ?

Né en Azerbaïdjan, Igor Ashurbeyli a fait sa carrière durant les années 2000 et au début des années 2010 dans l'un des plus gros conglomérats de défense russe. 

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À la tête d'une holding de plus d'un milliard d'euros d'actifs, fasciné par l'espace, il crée en octobre 2016 un pseudo état spatial, Asgardia. "Son idée est de proposer à 270 000 "résidents" [chiffres de 2018, NDR], inscrits sur un site internet et tributaires d'une future cotisation, de coloniser la Lune dans les prochaines années, explique Octave Bonnaud. Un petit satellite a déjà été lancé en 2017, depuis une base américaine." En France, 5 000 "résidents asgardiens" auraient fait cette démarche.

L'UNESCO signe un partenariat avec Asgardia

En juin 2017, l'UNESCO va nouer un partenariat avec l'ONG qui représente ce pseudo État spatial. "Pourtant, dès la signature de ce contrat, Igor Ashurbeyli va indiquer aux résidents asgardiens, et dans la presse, qu'il s'agit d'un partenariat entre l'UNESCO et l'État d'Asgardia directement", raconte le journaliste. En réalité, ce partenariat prévoit plutôt que l'UNESCO finance une médaille remise chaque année à des personnes méritantes dans le domaine de la recherche spatiale. "En septembre 2017, une première remise de médaille à l'UNESCO récompense des cosmonautes, que l'ONG liée à Asgardia finance à hauteur de 260 000 euros." 

Le 25 juin 2018, Igor Ashurbeyli se proclame roi et père fondateur d'Asgardia. "Il demande à ce moment-là la reconnaissance des Nations Unies. Son plan pour cela est d'obtenir la reconnaissance bilatérale de cinq à six États, un objectif pas si compliqué à atteindre" décrit Octave Bonnaud.

Audrey Azoulay met fin au contrat

Audrey Azoulay est élue à la tête de l'UNESCO en novembre 2017. "Suite à un audit au sein de l'organisation, elle rompt le partenariat avec Asgardia, explique le journaliste. Igor Ashurbeyli demande alors le remboursement des frais de sponsoring engagés [78 000 euros, NDLR] et considère cela comme un préjudice."

À l'UNESCO, tous les contrats de sponsoring sont désormais passés au peigne fin. Igor Ashurbeyli continue de son côté à réclamer la reconnaissance internationale.

Octave Bonnaud est l'invité de Jacques Monin dans Secrets d'info.

Aller plus loin

L'étrange dispute entre "l'Etat spatial d'Asgardia" et l'Unesco, un article d'Octave Bonnaud, sur le site de la Lettre A (accès gratuit sur inscription).

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