À Seine-Port, les habitants se prononcent à 54 % en faveur de la charte qui limitera l’usage des écrans

Après le référendum de ce samedi, le maire prendra un arrêté pour interdire l’usage du smartphone devant les écoles, dans les commerces, en marchant dans la rue et lorsque l’on se trouve à plusieurs dans l’espace public ou associatif. En contrepartie, il créera un espace sportif et un ciné-club pour ados et enfants.

Seine-Port (Seine-et-Marne), le 3 février 2024. Le « oui » l'a emporté par 146 voix, contre 126 pour le « non ». LP/Sophie Bordier
Seine-Port (Seine-et-Marne), le 3 février 2024. Le « oui » l'a emporté par 146 voix, contre 126 pour le « non ». LP/Sophie Bordier

    Le suspense a duré jusqu’au bout. La charte communale pour le bon usage des écrans à Seine-Port (Seine-et-Marne) a été votée ce samedi par 146 « oui » contre 126 « non ». Une courte victoire dans cette localité de 2000 âmes qui a donc mobilisé 272 votants (soit un peu moins de 20% de participation). « Je m’attendais à un écart plus grand. C’est tellement intrusif. Les gens ont l’impression qu’on se mêle de leur vie. Je ne veux pas ça ! Mais il y a un problème de santé publique. Il faut les aider », réagit le maire, Vincent Paul-Petit (LR).

    C’est la première fois qu’une collectivité s’engage ainsi face à la surexposition des jeunes aux écrans. L’élu va prendre un arrêté interdisant l’usage du smartphone devant les écoles, dans les commerces, en marchant dans la rue et lorsque les habitants se trouvent à plusieurs dans un espace public ou associatif. Mais pas de sanction juridiquement possible en cas de non-respect du texte.

    Un mobile simple pour les futurs collégiens

    Pour protéger les enfants dans leur foyer, la charte incite les parents à bannir tout écran (télévision, smartphone, tablette et console de jeux) le matin, à table, le soir avant de se coucher et dans la chambre. En contrepartie, la commune créera un espace sportif et un ciné-club pour enfants et ados. Il offrira un téléphone simple aux futurs collégiens si les parents ne leur achètent pas de smartphone jusqu’au lycée.

    Âgés de 18 ans, Lenka et Maxence ont voté contre la charte « car il n'y a rien à Seine-Port pour les jeunes ». Selon eux, « il faut responsabiliser les parents car les enfants copient les gestes des parents ! »
    Âgés de 18 ans, Lenka et Maxence ont voté contre la charte « car il n'y a rien à Seine-Port pour les jeunes ». Selon eux, « il faut responsabiliser les parents car les enfants copient les gestes des parents ! »

    À Seine-Port, le sujet a clivé. Les opposants se lâchent. « Pas de portable dans l’espace public ? Mais il n’y a rien à Seine-Port pour les jeunes !, s’agacent Maxence et Lenka, 18 ans. Mieux vaut responsabiliser les parents car les enfants copient leurs gestes. » La jeune fille lit des livres sur son smartphone quand elle sort son chien. « Ce n’est pas au maire d’intervenir, son arrêté n’a pas de valeur », tique de son côté José, juriste.

    L’interdiction dans les commerces irrite Delphine. « Et quand on appelle pour savoir combien il faut de baguettes ? » Idem en terrasse : « Sans mon smartphone je serai seule comme une c… À regarder passer les voitures ! » Pour Valérie et Olivier, « cela relève de la sphère privée. L’utiliser ou pas dans les commerces est une question d’éducation ».

    Adepte du smartphone dans l'espace public, Delphine a voté contre, estimant que « c'est dans le milieu familial » qu'il faut régler la question de l'usage du smartphone.
    Adepte du smartphone dans l'espace public, Delphine a voté contre, estimant que « c'est dans le milieu familial » qu'il faut régler la question de l'usage du smartphone.

    Les défenseurs de la charte, eux, sont convaincus. « Les enfants se font lobotomiser par leur smartphone qui les coupe de la réalité, du lien avec leur famille », s’alarme Stéphanie. « Si les règles sont les mêmes pour tous à Seine-Port, ce sera plus facile pour les parents. Leur enfant ne demandera pas Pourquoi les autres peuvent le faire et pas moi ? Cette charte est une incitation supplémentaire », salue un papa.

    Directrice d’école maternelle dans une autre commune seine-et-marnaise, Jeanne a voté oui « à 200 % ». « Je vois les ravages des écrans chez les petits de 3 ans. Certains ne savent pas utiliser leurs doigts, empiler les cubes, baisser leur pantalon pour faire pipi. Ils ne savent pas dire pipi, mais télé ! Tout cela faute d’échanges avec les parents. Devant un écran, leurs enfants sont calmes. Mais rien ne se construit dans leur cerveau et leur appréhension de ce qui les entoure ! »

    Âgée de 65 ans, Anne a également voté pour. « Je répondais à un SMS en marchant dans la rue et je n’ai pas vu le trottoir. Je me suis cassé une cheville, un genou, et le nez ! »