Qui est Jean-Noël Barrot, nouveau ministre délégué chargé de la transition numérique ?
Même si le député Modem de trente-neuf ans est relativement peu connu du grand public, il a déjà à son actif une carrière universitaire de premier plan. Il devra toutefois s'imposer dans le monde des start-up.
Par Marina Alcaraz, Charlie Perreau
Professeur à HEC, professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), député et maintenant ministre délégué… A seulement trente-neuf ans, Jean-Noël Barrot affiche un CV impressionnant. Le député (Modem) vient d'être nommé ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, un portefeuille qui n'avait pas été pourvu dans le premier gouvernement d'Elisabeth Borne après le départ de Cédric O.
Peu connu du grand public, Jean-Noël Barrot est depuis quelques années dans les arcanes du monde politique : secrétaire général du Mouvement démocrate, il est aussi député de la deuxième circonscription des Yvelines depuis 2017. Il a notamment été l'un des vice-présidents de la commission des finances de l'Hémicycle, dans laquelle « il a fait preuve de beaucoup sérieux et de compétence », se souvient Eric Woerth, qui fut président de cette commission. « Il a déposé des amendements très construits. »
Proche de François Bayrou
Ce proche de François Bayrou est aussi issu d'une lignée d'hommes politiques appartenant à la démocratie chrétienne. Son père, Jacques Barrot, décédé en 2014, fut plusieurs fois ministre, son grand-père, Noël Barrot, fut un ancien résistant et député. Sa victoire aux législatives avait eu un goût de revanche pour celui qui, malgré un mandat de conseiller départemental, avait en partie échoué à s'implanter en Haute-Loire, dans le fief familial où son père et son grand-père furent députés, rapporte l'AFP. « Il est très proche des élus locaux. Quand j'ai été élu, il a tout de suite été là pour moi », raconte Fabien Aufrechter, maire de Verneuil-sur-Seine, dans les Yvelines.
Honoré de la confiance qui m'est faite par @EmmanuelMacron et @Elisabeth_Borne. Très heureux d'oeuvrer désormais auprès de @BrunoLeMaire en tant que Ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications. Au travail !
— Jean-Noël Barrot (@jnbarrot) July 4, 2022
L'économiste a notamment été nommé par le gouvernement précédent pour diriger une mission relative au rebond économique territorial, qui a donné lieu à un rapport publié en juin 2021. Plus récemment, il s'est vu chargé des relations avec les entreprises dans la campagne d'Emmanuel Macron. « Il a fait un énorme boulot. C'est quelqu'un de ministrable depuis longtemps », note Fabien Aufrechter, qui précise que sa couleur politique a joué en sa faveur.
« L'un des chercheurs les plus productifs »
Ce qui est peut-être moins connu, en revanche, est son parcours académique. Diplômé d'HEC, puis titulaire d'un PHD (doctorat) sous la direction de l'économiste David Thesmar, professeur au MIT, « il est un scientifique de premier plan, l'un des chercheurs les plus productifs et les plus reconnus dans le monde de sa génération », se félicite Jacques Olivier, doyen de la faculté de la recherche d'HEC. « Je ne sais pas quand il a le temps de dormir », ajoute-t-il. Pas étonnant que le prestigieux MIT puis HEC l'aient recruté en tant que professeur.
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Dans ses travaux axés notamment sur la finance d'entreprise, les politiques économiques et le marché de l'emploi, il a « su créer des ponts entre la recherche académique et son mandat de député », reprend Jacques Olivier. « Je ne serai pas étonné qu'il travaille en particulier à réduire la fracture numérique. »
« Il a, à la fois, une carrière politique et une carrière d'intellectuel, ce qui est rare en France, ajoute David Thesmar . Il est capable de réfléchir à long terme, c'est un véritable penseur. »
Une nouvelle équipe de choc à Bercy pour servir les Françaises et les Français ! Au travail ! pic.twitter.com/m5ag3Ymq0f
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) July 4, 2022
Toutefois, l'économiste n'est pas un grand connaisseur du monde des start-up, contrairement à son prédécesseur Cédric O qui a été conseiller participations publiques et économie numérique pendant deux ans auprès d'Emmanuel Macron. Il faudra donc qu'il fasse ses preuves. « C'est une personne qui a de l'expérience en économie et en numérique. Ce choix n'est pas aberrant car c'est une personne qui va pouvoir naviguer à l'Assemblée nationale, ce qui va être utile dans les mois à venir », souligne Maya Noël, directrice générale de France Digitale.
A l'Assemblée, ce père de famille, marié à une sage-femme, a notamment plaidé pour une réflexion sur le « revenu universel d'activité » - pas celui de Benoît Hamon, mais comme un socle qui viendrait fusionner les aides sociales existantes.
Dans les colonnes des « Echos », il y a quelques semaines, cet amateur de musique s'indignait du programme de la Nupes. « En creusant un déficit public abyssal, en tournant le dos à l'Europe, le projet funeste de Jean-Luc Mélenchon et la Nupes nous promet un grand bond en arrière et des lendemains qui déchantent », expliquait-il.
Marina Alcaraz et Charlie Perreau