Y a-t-il encore une équipe de modération chez Twitter ? Moins d’une semaine après le rachat du réseau social par Elon Musk, les signaux indiquant que son tout-puissant nouveau patron a décidé de limiter la suppression de contenus sur la plate-forme – pourtant déjà considérée comme permissive à l’excès – se multiplient.
Selon la presse américaine, l’équipe Trust and Safety (confiance et sécurité) du réseau social, chargée de lutter contre la désinformation, les messages haineux et le harcèlement, a vu ses capacités extrêmement réduites : jusqu’à l’arrivée de M. Musk, quasiment tous les membres de l’équipe, qui compte plusieurs centaines de personnes, avaient accès aux outils permettant de supprimer un message ; selon Bloomberg, une quinzaine de personnes seulement ont conservé cette capacité. Une réduction de moyens d’autant plus significative qu’elle intervient à une semaine des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, période durant laquelle les campagnes de désinformation sont particulièrement actives sur les réseaux sociaux.
En parallèle, M. Musk a annoncé, mardi 1er novembre, une surprenante modification concernant la façon dont les comptes peuvent être « authentifiés » sur la plate-forme. Jusqu’ici les personnalités publiques qui en faisaient la demande pouvaient obtenir un badge bleu prouvant qu’il s’agit bien de leur compte officiel et non d’une usurpation d’identité. Selon le plan détaillé par le nouveau patron du réseau social, l’accès à ce badge deviendrait payant, une contrepartie à un abonnement mensuel de 8 dollars. Le badge bleu était pourtant, à l’origine, une mesure de sécurité censée réduire les fraudes et la diffusion de fausses informations.
Signaux flous
M. Musk a démontré par l’exemple, durant le week-end, sa conception de ce qui doit ou non être toléré sur Twitter : il a en effet publié un message évoquant une théorie du complot sur l’agression dont a été victime, la semaine dernière, le mari de Nancy Pelosi, la cheffe des élus démocrates au Congrès. Attaqué à son domicile de San Francisco par un homme armé d’un marteau et qui cherchait à s’en prendre à son épouse, Paul Pelosi, 82 ans, a été blessé par l’assaillant, dont l’activité en ligne montre qu’il était violemment antisémite et convaincu par de multiples théories du complot. Une partie de la droite américaine a tenté d’instiller l’idée durant le week-end qu’il avait en réalité été attaqué par un prostitué qu’il avait ramené chez lui – une théorie que M. Musk a relayée dans un tweet ce week-end, avant de supprimer son message.
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