NO FUTURMontpellier, qui a banni ChatGPT, lance une convention citoyenne sur l’IA

Montpellier : La mairie, qui a banni ChatGPT, lance une convention citoyenne sur l’intelligence artificielle

NO FUTURLa ville et la métropole de Montpellier ont dévoilé ce vendredi les actions qu’elles souhaitent mettre en place pour plancher sur un usage « salvateur » des nouvelles technologies
La ville et la métropole de Montpellier avaient interdit ChatGPT à ses agents et à ses fournisseurs.
La ville et la métropole de Montpellier avaient interdit ChatGPT à ses agents et à ses fournisseurs. - Davide Bonaldo/Sipa USA/SIPA / SIPA
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • La mairie et la métropole de Montpellier avaient interdit l’emploi de ChatGPT à ses agents et ses fournisseurs, au mois de mars dernier, craignant les utilisations qui pourraient être faites de cette nouvelle intelligence artificielle (IA) décriée.
  • Ce vendredi, les collectivités ont dévoilé le plan qu’elles comptent mettre en œuvre pour une « intelligence artificielle digne de confiance ».
  • La ville et la métropole souhaitent mettre en place une convention citoyenne, où des habitants, des scientifiques et des entrepreneurs discuteront des bénéfices et des dangers de l’IA. Et une IA locale va être créée, en partenariat avec l’université.

Non, Montpellier (Hérault) n’est pas réfractaire à l’intelligence artificielle (IA). C’était, sans nul doute, le message que les services de la ville et de la métropole ont souhaité faire passer, ce vendredi, en réunissant, à l’occasion d’une conférence de presse, la crème des chercheurs et des entrepreneurs innovants du coin. Car certains l’ont peut-être pensé : en mars, la collectivité, par précaution, interdit purement et simplement l’emploi de ChatGPT à ses agents et à ses fournisseurs. C’était, à l’époque, l’une des premières grandes métropoles à bannir cet IA d’un nouveau genre. « On n’a pas assez de recul, sur cet inquiétant robot, capable de générer des textes, des images et des vidéos en un clic », expliquait, à l’époque, Manu Reynaud (EELV), l’élu en charge du numérique.

Une décision forte, prise « à titre conservatoire », en attendant que l’on apprenne à mieux connaître ce nouvel outil. Deux mois après cette annonce qui avait déferlé telle une bombe sur les Internets, l’élu l’assure : non, la ville et la métropole ne sont pas anti-IA. Lui non plus, d’ailleurs. « Ce n’est pas moi qui vais vous dire ça ! », sourit-il, en agitant ses bras pour montrer tous les objets connectés avec lesquels il se balade. En interdisant ChatGPT, « on a simplement respecté la loi », confie-t-il, pointant le fait que cet outil révolutionnaire pourrait bien être un cauchemar pour la confidentialité des données. « C’est ce qu’ont fait de très nombreuses entreprises partout dans le monde, poursuit Manu Reynaud. Quand un dispositif est susceptible d’utiliser des données confidentielles… C’est normal. C’est un principe simple de précaution. »

« Je crois que l’IA mérite un débat national citoyen »

Mais la ville et la métropole de Montpellier, qui prône « une intelligence artificielle digne de confiance » ont bien l’intention de contribuer, à leur échelle, à débroussailler le champ de l’IA. Michaël Delafosse (PS), le maire et le président de la métropole, a annoncé ce vendredi qu’une convention citoyenne allait être mise en place, sans doute à la rentrée prochaine, pour que des habitants, des scientifiques et des entrepreneurs discutent des bénéfices, mais aussi des dangers, d’utiliser ces IA génératives.

« Voyez comment les réseaux sociaux, aujourd’hui, déstabilisent nos communautés démocratiques, déplore Michaël Delafosse. On ne s’est pas forcément questionné avant, ils nous ont envahis, et aujourd’hui, on cherche à les réguler. Je crois que l’IA mérite un débat national citoyen. Nous allons lancer, nous, une convention citoyenne locale sur ce thème. »

NOTRE DOSSIER SUR CHAT GPT

Des petites formations seront aussi lancées dans les établissements scolaires et les universités. Et d’ici un an, devrait aussi se tenir un forum, à Montpellier, sur ce thème. Enfin, la ville, la métropole et l’université planchent sur la création d’une IA locale, en open source, grâce à un supercalculateur d’une très grande puissance, pour les agents et les chercheurs. Et même pour les entrepreneurs. « Ils n’auront pas besoin d’aller chez Microsoft, Amazon ou Meta pour utiliser ces services », explique Manu Reynaud. Une IA plus respectable, car elle sera bien au chaud « ici », à Montpellier, et elle sera pilotée par un comité éthique. « Ces initiatives, c’est unique. Avez-vous déjà vu un homme politique se saisir de ces questions ? » A Montpellier, oui, se félicite l’élu écologiste. Et c’est tout.

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