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Trop lents, peu autonomes... Les salariés français pestent contre leurs ordinateurs

Selon une étude, 37% des salariés interrogés travaillent avec un ordinateur vieux de plus quatre ans.

Si la pandémie du covid a poussé les entreprises à acheter en masse des ordinateurs portables, notamment pour équiper les salariés en télétravail, en France, il semble que les employés doivent en majorité encore travailler avec des PC anciens et donc peu efficaces.

Selon une étude* menée pour Fleet, si 41% des Français déclarent être parfaitement bien équipés en matériel informatique pour cette rentrée de septembre, 59% disent ne pas l'être. Dans le détail, 20% avouent être moyennement bien équipés et 39% pas du tout.

En cause donc, la vieillesse du parc. 37% des interrogés travaillent avec une machine vieille de plus de 4 ans tandis que 33% ont leur ordinateur depuis 3 à 4 ans. Seulement 19% ont un PC vieux de 1 à 2 ans et 11 % de chanceux utilisent du matériel très récent ayant moins d’un an.

Manque d'anticipation, pénurie et manque de moyens

58% souhaitent que leur entreprise change leur ordinateur pour un modèle plus performant. Ces "vieux" ordinateurs ont tendance à empoisonner la vie des salariés. Le premier problème que rencontrent 59% des Français avec leur ordinateur est la lenteur. 45% se plaignent également de l’autonomie et 31 % de la mauvaise connexion en Wifi.

La problématique n'est pas forcément due à la non-volonté des directions d'acheter de nouvelles machines (31% des cas selon l'étude). En effet, 32% des personnes interrogées expliquent que leur entreprise éprouve des difficultés d’approvisionnement à cause des pénuries de composants.

Les entreprises semblent avoir été prises de court puisque 41% des Français estiment que leurs entreprises n’ont pas du tout prévu ces difficultés d’approvisionnement et 38% seulement moyennement.

Un manque de moyens est également cité puisque selon 15% des interrogés indiquent que leurs entreprises "n'a pas les moyens de s'équiper".

Cette question est loin d'être anodine. Dans un contexte d'inversion du rapport de force en entreprise entre les salariés et leur management, la qualité de l'environnement numérique devient essentielle pour attirer et retenir les talents.

Une source d'angoisse et même de démission

Selon une vaste étude** mondiale menée en début d'année par le cabinet d'études Vanson Bourne pour Nexthink, 42% des collaborateurs estiment que la qualité de l’environnement de travail influence leurs recommandations sur l'entreprise qui les emploie.

Pire, 28% des salariés entre 25 et 34 ans disent qu'ils pourraient quitter leur emploi à cause d’une mauvaise expérience numérique. Ce chiffre tombe néanmoins à 24% pour les 35-44 ans, et à 15% pour les 45-54 ans.

Selon une autre étude du cabinet, les responsables RH (ressources humaines) et IT (service technique) considèrent la piètre qualité des services technologiques comme la troisième cause de burnout ou de départ après la rémunération/perspectives d'évolution et la culture d'entreprise toxique.

"Tout comme l’engagement des employés peut créer un effet d’entraînement positif sur l’entreprise, les déboires informatiques de ces derniers peuvent faire pencher la balance dans l’autre sens. Quand la technologie n’est pas à la hauteur, elle perturbe, distrait et décourage les talents mêmes les plus motivés. Or, des effectifs désengagés engendrent des pertes de productivité qui se chiffrent en milliards de dollars, l’organisation américaine Gallup faisant même état de pertes de 7 trillions de dollars par an au niveau mondial en raison du désengagement des collaborateurs", peut-on lire.

Ainsi, 40% des salariés interrogés estiment souffrir au moins une fois par semaine d'un problème technique qui les empêche de travailler.

*: Enquête réalisée auprès de 2102 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Sondage effectué en ligne à partir du panel de répondants BuzzPress (27.000 personnes en France) entre le 5 et 13 septembre 2022. Les réponses ont ensuite été compilées et pondérées en fonction de quotas préétablis visant à assurer la représentativité de l'échantillon et afin d’obtenir une représentativité de la population visée.

**: Vanson Bourne a interrogé 1000 salariés dont 400 aux Etats-Unis, 200 au Royaume-Uni, 200 en France et 200 en Allemagne au sein de 750 entreprises de 1000 à 4999 collaborateurs et 750 entreprises comptant plus de 5000 salariés.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business