Pourquoi Stellantis entre au capital de Stimcar, spécialiste français du reconditionnement
Stellantis accélère dans le véhicule d’occasion. Le groupe va devenir l’actionnaire majoritaire de Stimcar, une start-up nantaise spécialisée dans le reconditionnement.
Trois ans après sa création, la start-up française Stimcar s'adjoint un allié puissant : Stellantis. Le constructeur automobile a annoncé le 20 janvier qu’il allait devenir l’actionnaire majoritaire de l’entreprise basée à Nantes (Loire-Atlantique) et spécialisée dans le reconditionnement des véhicules d’occasion.
Les deux entreprises restent discrètes sur les termes financiers de l’accord. Ils partagent en revanche une feuille de route ambitieuse. Grâce à cet accord, Stimcar souhaite embaucher 300 personnes et ouvrir neuf nouveaux centres de reconditionnement en France avant la fin de l’année 2022. Fondé en 2018, la jeune pousse compte pour l’instant une centaine de salariés avec trois sites à Bordeaux (Gironde), Nantes et Toulouse (Haute-Garonne).
Une « priorité stratégique pour Stellantis »
«Le développement du véhicule d’occasion (VO) est une priorité stratégique de long terme pour Stellantis», argumente dans un communiqué Marc Lechantre, directeur général de la branche VO au sein du groupe. Pour le directeur, Stimcar représente «le meilleur acteur indépendant» dans une filière de plus en plus dynamique. Stellantis est déjà l'actionnaire majoritaire d'un autre poids-lourd du secteur, AramisAuto.
Les fondateurs de Stimcar, Jean-François et Yann Brazeau, conserveront leurs fonctions et leur autonomie de gestion. Stellantis souligne toutefois les possibilités de synergies entre Stimcar et sa filiale «Stellantis & You, Sales and Services». Cette branche de distribution compte 270 points de vente en Europe. «Progressivement, Stimcar va venir dans un maximum d’endroits où Stellantis & You est présent. Ils vont amener une expertise et une efficacité sur le reconditionnement partout où nous opérons», projette Anne Abboud, directrice générale de Stellantis & You, Sales and Services, à L’Usine Nouvelle.
Qui est Stimcar ?
Issu de l’incubateur Centrale-Audencia-Ensa, Stimcar a installé son bastion à Nantes. Dans un atelier de 1 000 mètres carrés, la start-up reconditionne des véhicules de toutes marques avec une capacité de 8 000 unités par an. Ces voitures affichent parfois jusqu’à 12 ans d’ancienneté. L’entreprise revendique un délai de mise en oeuvre inférieur à six jours. Selon elle, le délai moyen dans le reste du secteur s’élève à 45 jours. « L’approche de Stimcar est très innovante. À la fois dans l’exécution et l’excellence opérationnelle », salue Anne Abboud.
La start-up, qui ne dévoile pas son chiffre d’affaires, a développé en interne son propre outil de pilotage informatique. Dans le duo des frères Brazeau, Yann apporte son expertise du reconditionnement tandis que Jean-François gère la partie informatique. «Nous avons des carrossiers et des mécaniciens de très haut niveau. A côté de cela, nous disposons d'une équipe de développeurs qui font évoluer notre solution », décrit Jean-François Brazeau, un ancien de Capgemini. De son côté, Yann Brazeau a travaillé cinq ans pour feu PSA au Japon. Il a également mis en place l’usine de reconditionnement de véhicules d’occasion d’AramisAuto à Donzère dans la Drôme.
Un modèle de proximité
Stellantis n’est pas le seul constructeur automobile à s’intéresser au reconditionnement alors que les ventes de véhicules d'occasion ne cessent de battre des records. Dans son usine de Flins (Yvelines), Renault a inauguré un centre pour industrialiser la réparation des véhicules d’occasion. Stellantis et Stimcar espèrent toutefois se démarquer avec un modèle plus décentralisé.
« Notre stratégie est basée sur la proximité et l’efficacité. Nous sommes convaincus que le reconditionnement doit se faire avec un maillage au niveau des villes. Un véhicule reconditionné ne peut pas traverser la moitié de la France, à la fois pour des raisons économiques et écologiques », développe Anne Abboud. « À l’inverse de la plupart des acteurs, nous changeons très peu de pièces. Nous réparons », complète Yann Brazeau.
Stimcar vise le marché européen
« Nous avons eu beaucoup de prétendants…, confie Jean-François Brazeau. Stellantis a prouvé par le passé sa capacité à investir dans des sociétés tout en laissant l’autonomie aux dirigeants. C’est très rassurant. » Stimcar pourra d'ailleurs continuer à reconditionner des voitures qui ne font pas partie des 14 marques du groupe automobile.
Les dirigeants de la start-up rappellent également la force de frappe du constructeur. En 2021, la branche Stellantis & You a vendu 100 000 VO reconditionnés à des particuliers. Il faut ajouter à cela les volumes brassés par la branche VO du groupe. « C’est un acteur précurseur sur le véhicule d’occasion, fait valoir Yann Brazeau. Stellantis a une capacité à fournir des pièces de rechange à un tarif très compétitif. »
Prochaines étapes pour Stellantis et Stimcar : développer la présence de la start-up en France et à l’international. « Dès 2023, de nouveaux centres seront ainsi déployés en Europe, notamment sur les marchés où Stellantis opère », projette le constructeur automobile.