BFM Business
Entreprises

Nvidia est sur le point de renoncer au projet de rachat d'Arm

STMicro et Soitec profitent de la méga-acquisition de Nvidia

STMicro et Soitec profitent de la méga-acquisition de Nvidia - AFP

Selon Bloomberg, le géant des cartes graphiques a prévenu ses partenaires que cette opération qui suscité beaucoup d'hostilité n'aboutira probablement pas.

La perspective du méga-rachat d'Arm par Nvdia pour 40 milliards de dollars semble de plus en plus s'éloigner. Selon Bloomberg qui cite des sources proches du dossier, Nvidia a fait savoir à ses partenaires qu'il était peu probable que l'opération aboutisse alors que le japonais SoftBank accélère en parallèle les préparatifs en vue d'une
introduction en Bourse d'Arm.

Les deux parties n'ont pas répondu aux demandes de commentaires.

Il faut dire que cette opération suscite hostilité et a provoqué l'ouverture de nombreuses procédures. Après le lancement d'une enquête approfondie par les autorités britanniques et la Commission européenne, la FTC, a intenté en décembre une action en justice pour bloquer ce rachat jugé "anticoncurrentiel".

Elle estime que Nvidia se retrouverait dans la position de pouvoir contrôler l'approvisionnement en puces de ses concurrents directs, ce qui les affaibliraient et étoufferait l'innovation.

Anticoncurrentiel

"La fusion proposée donnerait à Nvidia la capacité d'utiliser son contrôle de cette technologie pour saper ses concurrents, réduisant la concurrence et entraînant finalement une réduction de la qualité des produits, une réduction de l'innovation, des prix plus élevés et moins de choix, portant préjudice aux millions d'Américains qui bénéficient de produits basés sur ARM", assène la FTC dans un communiqué.

Le procès devrait avoir lieu en août prochain. De son côté, l'enquête de la Commission européenne devrait être achevée en mars prochain.

Pourquoi tant d'oppositions? L'empreinte d'ARM sur le marché en tension des semi-conducteurs est en effet colossale. Fondé en 1990 en Angleterre, "Acorn RISC Machine" pour ARM ne fabrique pas de puces en tant que telles mais des "architectures" sur lesquelles reposent et fonctionnent les processeurs qui font tourner 90% des smartphones de la planète, 80% des appareils photos numériques et 35% de tous les appareils électroniques (à l'exception des ordinateurs qui utilisent une architecture différente développée par Intel).

Tous les fondeurs de la planète utilisent ces architectures qui, avec le temps, sont devenues incontournables.

Son modèle économique est celui des licences: un fabricant de processeurs (Qualcomm, Samsung, Huawei...) doit alors payer de très juteuses royalties à Arm afin de pouvoir utiliser ses technologies.

Nvidia de son côté est le leader mondial des cartes graphiques pour ordinateurs. Il deviendrait via cette opération, le leader mondial des architectures pour appareils mobiles.

La vente à Nvidia fait donc sourciller de grands acteurs mondiaux des semi-conducteurs. Certains se demandent si l'approche ouverte d'ARM sera maintenue dans un contexte de tensions entre les Etats-Unis et la Chine.

ARM a en outre accordé des licences sur sa technologie à Intel, Qualcomm et Samsung Electronics qui sont des concurrents de Nvidia. Comment pourraient évoluer ces relations commerciales après le rachat?

Au-delà de ces considérations concurrentielles , ce rachat serait un coup dur pour l'Europe des puces qui cherche à renaître de ses cendres. Hermann Hauser, le fondateur d'Arm évoque ainsi un "désastre absolu pour Cambridge, le Royaume-Uni et l'Europe". "C'est la dernière entreprise technologique européenne de dimension mondiale et elle est vendue aux Américains", s'est-il insurgé.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business