En plein coeur de Paris, un « Bitcoin Boulevard » pour les commerçants
Un « Bitcoin Boulevard » a été inauguré en novembre 2016 dans le passage du Grand-Cerf. Une vingtaine de commerçants acceptent les paiements en bitcoins. Mais ils le reconnaissent eux-mêmes : c'est surtout un bon vecteur de communication.
A quelques encablures de la Maison du bitcoin située dans le 2e arrondissement de Paris, un « Bitcoin Boulevard » a été inauguré en novembre 2016 dans le passage du Grand-Cerf.
Sur la vingtaine de boutiques qui occupent le passage, quasiment toutes permettent à leurs clients d'acheter leurs produits en bitcoins. Un macaron orange à l'effigie de la célèbre cryptomonnaie collé sur les vitrines l'atteste.
La naissance du projet
L'un des précurseurs de cette initiative est lui-même commerçant du passage. Gaël est le patron de la boutique RickShaw. Son bric-à-brac s'est spécialisé dans la vente d'objets du monde. On peut quasiment tout y trouver dans une fourchette de prix allant de 3 à 600 euros.
Gaël s'est intéressé au bitcoin « il y a deux ou trois ans ». Dans cet univers, il a fait plusieurs rencontres. Dont celle avec Jacques Favier, auteur du livre « Bitcoin, la monnaie acéphale », qui l'a ensuite introduit auprès de la Maison du bitcoin. C'est à ce moment que «le projet du Bitcoin Boulevard est né », aime-t-il raconter.
En un an, une centaine de transactions en bitcoins ont été réalisées sur l'ensemble du passage. Ce qui représente, au total, 3.000 euros, précise Victor, un autre commerçant du passage. « Ce n'est pas énorme », poursuit-il.
« Si vous souhaitez acheter ce savon à 2 euros, vous pouvez ! »
Christine, la patronne de la boutique De Marseille et d'ailleurs, confirme que l'on peut tout acheter avec du bitcoin. « Si vous souhaitez acheter ce savon à 2 euros, vous pouvez ! » s'exclame-t-elle. Avant de se raviser : « Bon, je ne sais pas si ça vaut la peine. Le temps de sortir l'application et de réaliser la transaction… C'est plutôt long. »
L'application BitPay a été installée par tous les commerçants. Lorsqu'un client désire payer en bitcoins, le vendeur génère avec son application un QR Code que l'acheteur doit flasher. A ce moment, le vendeur est automatiquement crédité en euros sur son compte à hauteur de la transaction. Le taux de conversion de la transaction se fait chez l'acheteur qui est, lui, débité en bitcoins.
Il faut des frais de transaction plus raisonnables
«J'ai eu des clients prêts à tout acheter pour simplement réaliser la transaction en bitcoins », poursuit Victor. Principalement des Anglo-Saxons. Selon lui, « l'idée était d'abord de faire venir du monde dans le passage. Pour faire parler ». Et ça fonctionne ! Depuis décembre 2017, une quinzaine de journalistes nationaux se sont succédé sur le passage. De nombreux touristes viennent également s'informer sur la célèbre cryptomonnaie.
« Le bitcoin ne sera pas une monnaie de consommation », confie Gaël. « Elle laissera place à d'autres monnaies virtuelles dont les frais de transaction seront plus raisonnables », poursuit-il.
En France, les réserves vis-à-vis des cryptomonnaies sont encore nombreuses. La start-up Moonify s'est emparée du chantier. Incubé sur le site de Cap Oméga à Montpellier, Moonify propose à ses clients de monétiser en cryptomonnaie le temps de passage des internautes sur leur site Web. Selon son PDG, Jean-Christophe Offman-Oulhiou, « il y a encore un véritable travail d'éducation populaire à réaliser ».
Nicolas Keraudren