Face au vertige des montants, et après plusieurs promesses ces dernières années, Patrick Drahi semble déterminé à engager le désendettement d’Altice, son groupe de télécoms et de médias. Au point d’aller jusqu’à vendre une partie du capital de SFR, son principal actif en Europe. Selon nos informations, la banque d’affaires Lazard a été chargée de ce dossier, avec l’appui de BNP Paribas. Objectif : trouver les meilleurs acheteurs potentiels et les mettre en concurrence pour faire monter le prix. La taille du bloc mis en vente n’est pas connue. Ni le prix espéré. Altice, Lazard et BNP Paribas ne font pas de commentaire.
« SFR est perçu comme la tour Eiffel (marque, réseaux, organisation, qualité…) et nous aurons beaucoup d’options », a confié Patrick Drahi, le mercredi 6 septembre, selon les propos rapportés par des investisseurs réunis pour une présentation financière à Londres. Racheté par Altice France, en avril 2014, après une bataille épique contre Bouygues Telecom, l’opérateur est numéro deux en France derrière Orange. Il compte 20,5 millions de clients dans le mobile et 6,5 millions dans le fixe (ADSL et fibre). Mais il souffre d’une lourde dette : 23,8 milliards d’euros au 30 juin. Un fardeau qui va devenir de plus en plus lourd à porter du fait de la remontée des taux d’intérêt ces derniers mois, d’autant qu’il traverse une mauvaise passe commerciale. SFR a perdu 235 000 abonnés dans le mobile depuis le début de l’année.
Malgré ces mauvaises performances, des fonds d’investissement pourraient se montrer intéressés par un bout du capital de l’opérateur télécoms, un secteur relativement sûr et générateur de cash. Ces investisseurs connaissent également bien M. Drahi et certains d’entre eux, comme Cinven ou Carlyle, ont gagné énormément d’argent ces vingt dernières années avec lui, notamment lors d’opérations financières sur Numéricable, l’ancêtre de SFR.
Rêve de concentration des opérateurs français
Une participation des trois autres opérateurs français (Orange, Bouygues Telecom et Free) semble en revanche plus compliquée à envisager, même s’ils rêvent tous, depuis des années, d’une concentration du marché français. Une telle opération entraînerait un examen approfondi des autorités européennes de la concurrence. Or, celles-ci restent réticentes à voir des opérateurs nationaux se rapprocher, de peur que cela alimente une hausse du prix des forfaits.
Sur ce plan, l’avis de Bruxelles attendu dans les prochaines semaines sur le projet de rapprochement, en Espagne, d’Orange et de MasMovil permettra de voir si la Commission européenne a changé de religion. Un feu vert ouvrirait-il un rapprochement d’ampleur en France ? « Le potentiel de consolidation est plus important, mais nous devons attendre de voir ce qui va se passer en Espagne », a expliqué M. Drahi.
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